Anonyme [1649], SVITTE ET NEVFIESME ARRIVÉE DV COVRIER FRANÇOIS, APPORTANT TOVTES LES Nouvelles de ce qui s’est passé depuis sa huictiéme arriuée iusqu’à present, , françaisRéférence RIM : M0_830. Cote locale : C_1_40_09.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 5 --

faites d’aucunes desdites taxes, & ordonna que ceux qui estoient compris
esdits rooles de moderations, demeureroient descheus d’icelles
faute de les auoir payées, & qu’ils seroient contraints au payement des
premieres sommes, ausquelles ils auoient esté taxez pour ledit armement,
& pour la subsistance du mois de Fevrier, & du present mois de
Mars : Comme pareillement les autres particuliers desnommez esdits
rooles ; afin que nostre armée ne manquast pas de ce qui luy peut estre
necessaire, non plus qu’elle a fait iusques à present.

 

Comme aussi le mesme iour, ladite Cour de Parlemẽt permit à tous
Marchãds forains & autres, d’amener à Paris, bleds, farines, & pain en
telle quantité qu’ils voudroient, lesquelles ils pourroient vendre & debiter
à tel prix & cõditions dont ils cõuiendroient auec les acheteurs :
& que les Boulangers tant de petit que de gros pain & les Paticiers
seroiẽt tenus de cuire doresnauant tout le bled qu’ils auroient, en pain
bis de diuers poids, sçauoir les Boulangers de petit pain d’vne ou deux
liures ; & ceux de gros pain, depuis vne iusques à six liures, auec deffenses
à eux d’en cuire d’autre façon ny de plus grand, & à ce que le peuple
tirast soulagement des bleds & farines qui arriuent iournellement
à Paris, ladite Cour a ordonné qu’ils seroient menez à la Halle, pour
estre distribuez aux Boulangers & Paticiers à grãde mesure, & au peuple
à petite mesure : & pour l’execution deputa des Cõmissaires pour
estre presens, & tenir controole de ce qui seroit deliuré ; auec deffenses
à toutes personnes, d’empescher le transport desdits bleds à la Halle,
ny de piller les charettes à peine de la vie, auec injonction aux Bourgeois
de l’empescher, & courir sus à ceux qui voudroient ce faire.

Le mesme iour vn Gentil homme est venu en Parlement, auec Lettre
de creance de Monsieur le Duc de la Trimoüille, qui a rapporté à
la Cour, que mondit sieur le Duc de la Trimoüille ayant fait depuis
quelque temps des leuées de gens du guerre dans la Prouince de Poictou,
& autres circonuoisines pour le secours de la Ville de Paris, auoit
rendu son armée complete, & composée de huict mille hommes, tant
de cheual que de pied, auec laquelle il se tenoit prest, & attendoit les
ordres du Parlement, & à cette fin requeroit estre receu à son vnion,
& que commission luy fust deliurée, afin de se mettre en marche pour
venir du costé de Paris. Surquoy la Cour ayant deliberé, ledit sieur de
la Trimoüille, & les sieurs Destissac, de Chaumont, & autres Gentils-hommes
auec la ville de Poictiers, ont esté receus à l’vnion du Parlement
& de la ville de Paris.

La nuict du Ieudy au Vendredy, sur ce que ceux du party contraire
eurent aduis que le Pont de Batteaux encommencé sur la riuiere de
Seine, proche le Port à l’Anglois, estoit parfait & en estat de nous seruir
à la communication du passage des riuieres de Seine & Marne, quelques
troupes de leur Caualerie au nombre de quatorze escadrons, vindrent
du costé de la Brie pour brusler ledit Pont, Ce que Messieurs nos



page précédent(e)

page suivant(e)