Anonyme [1649], SVITTE ET HVITIESME ARRIVÉE DV COVRIER FRANCOIS, APPORTANT TOVTES LES Nouvelles de ce qui s’est passé depuis sa septiesme arriuée iusques à present. , françaisRéférence RIM : M0_830. Cote locale : C_1_40_08.
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des raisons contraires, on pourroit accuser ce peuple, de peu de resolution
en ce rencontre : Mais que l’on a tousiours differé, parce que les forces ennemies
faisoient parade du nom du Roy ; que Monsieur le Duc d’Orleans
auoit interest de ne souffrir ce qui s’est fait, que par des raisons inconnuës :
Que Monsieur le Prince de Condé conduisant les desseins, que personne
n’eust creu deuoir estre poussez, iusques aux extremitez où il les a portez ;
Que Messieurs du Parlement & Messieurs les Generaux, dés le commencement
auoient resolu de ne faire aucuns actes d’hostilité, de ne rendre
aucun combat s’ils n’y estoient forcez, de ne surprendre ny se saisir d’aucunes
places, pour ne pas paroistre agresseurs, ains seulement, de demeurer
sur la deffensiue, & faire venir des viures à Paris, sans hazarder aucuns
Bourgeois, ny leur permettre aucunes sorties que celles qui se sont faictes
par forme, d’où toutefois on ne les a retiré qu’à peine : De laquelle déferance,
le party contraire auoit pris l’aduantage desdits passages, qui luy eust
peu estre facilement ostée, toutefois & quantes que l’on eust voulu faire
vne sortie de cinquante mille, voire de cent mille hommes ; si outre les
raisons susdites on n’eust pas eu cet object, d’espargner les sujects du Roy.

 

Action aussi loüable à ces Messieurs, que celle de la charité qu’ils ont
exercée, ayant retenu, & fait fournir de viures à dix mille personnes, qui
faisoient tous leurs efforts de sortir de Paris, à cause de leur necessité ; Et
de n’auoir encores voulu escouter les propositions qui leur ont esté faites,
de mettre hors la ville les bouches inutiles, au contraire auoir receu plus
de cinquante mille personnes, qui se sont venus retirer dans l’enceinte de
ses murailles ; lesquels par la grace & prouidence de Dieu, ont trouué en
leur refuge dequoy se subuenir, par l’ordre de ces sages Directeurs ; Ausquels
sa Diuine Majesté prepare vne recompense au Ciel, & la France vne
eternelle memoire de leurs bien faits.

Monsieur le Prince de Conty nostre Generalissime est sorty de Paris, &
a esté voir la disposition de nostre armee en tous ses quartiers, & le trauail
du Pont que l’on construit au port à l’Anglois, & le mesme iour sur le soir
est retourné à la ville.

Le Dimanche septiesme, l’on a eu aduis, qu’vne partie de l’armée de
l’Archi-Duc auoit paru vers Bray sur Somme, & qu’vne autre partie voltigeoit
és enuirons de Guyle, & que le Duc Charles estoit aussi auec des
troupes en Champagne és enuirons d’Auesnes ; Ce qui donne lieu d’esperer
que l’armée qui enuironne Paris, & tasche de luy empescher les viures, leuera
bien-tost nostre blocus, n’y ayant pas d apparence que contre toute
iustice & raisons politiques, les Chefs d’icelle abandonnent les frontieres
du Royaume, & le mettent en proye pour affamer inutilement cette ville.

Cedit iour quantité de bleds & farines sont arriuees à Paris, en charettes
& sur des cheuaux, que l’on auoit amenez des enuirons d’Estampes, & d’autres
bourgs & villages sur ce chemin.

Le Lundy huictiesme, le Regiment d’Infanterie de Paris, a fait monstre
generale à la butte de Coypeaux, hors le faux-bourg Samct Victor, pour se



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