Anonyme [1649], SVITTE ET DOVZIESME ARRIVÉE DV COVRIER FRANÇOIS, APPORTANT LES NOVVELLES de la Paix, & toutes les autres de ce qui s’est passé depuis sa vnziéme arriuée iusqu’à present. , français, latinRéférence RIM : M0_830. Cote locale : C_1_40_12.
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Le soir du mesme iour premier Auril, en resiouyssance de cette
Declaration qui nous donnoit la Paix tant desirée, l’on fit des feux
dans les ruës de ladite Ville & Faux-bourgs de Paris, & les Officiers
de la Ville firent retentir les Canons & les Boëttes pour en donner
aduis aux lieux circonuoisins.

Le Vendredy deuxiesme nouuelles sont venuës de Laon, que l’Archiduc
a fait aduancer son armée vers ladite Ville & vers Crecy, village
qui en est à trois lieues, où il a fait camper le long de la riuiere
d’Aisne, & que Monsieur le Mareschal du Plessis Praslin est de l’autre
costé de ladite riuiere, auec plusieurs troupes de l’Armée du Roy,
en attendant encores d’autres, pour faire reculer ledit Archiduc, qui
est allé trouuer le Duc Charles, qui a aussi fait camper ses troupes entre
Marle & Veruins, & que les habitans de Laon se sont mis en estat
pour repousser ces troupes ennemies, en cas qu’elles voulussent entreprendre
quelque chose sur leur ville, comme pareillement ont
fait ceux de la ville de Reins, ayant braqué leurs Canons sur les murailles
de leur ville, & apresté leurs armes à mesme dessein.

Le Samedy troisiesme, l’on a eu nouuelles de Calais que le sieur
Destrades à present Gouuerneur de Dunquerque, au lieu du Mareschal
de Rantzau, auoit enuoyé en ladite ville de Calais Madame la Mareschel
de Rantzau, & qu’elle est logée chez les Religieuses de l’Hospital.

Comme aussi de Roüen, que Monsieur de Matignon est venu trouuer
Monsieur le Duc de Longueville, & que leurs troupes auoient
esté mises en garnison en plusieurs endroits de la Prouince.

Le mesme iour la Cour des Aydes de Paris, a fait registrer au Greffe
la susdite Declaration du Roy, donnée sur les presens mouuemens ensemble,
les autres Declarations y enoncées, & a arresté qu’il seroit
rendu graces à Dieu, & le Roy & la Reyne Regente remerciez par
Deputez de ladite Cour, qui en outre prieroient leurs Maiestez de
pouruoir au soulagement des Villes, Bourgs, & Parroisses dependantes
d’autres Eslections que celles de Paris, qui ont souffert des pertes
à cause des passages, & logemens des gens de guerre.

Le mesme iour les prisonniers qui estoient detenus au Chasteau de
la Bastille, ont esté mis en pleine liberté.

Le Lundy cinquiesme lendemain de Pasques, l’Armée leuée pour
le secours de Paris a fait monstre generale, & tous les gens de guerre
payez & en suitte licentiez, sauf quelques Regimens de Caualerie
qu’il a pleu à sa Maiesté de retenir, ayant à cette fin baillé nouuelles
Commissions à leurs Chefs, pour aller ioindre Monsieur le Mareschal
du Plessis-Praslin.

Le mesme iour Messieurs les Princes de Condé & de Conty, & Madame
la Duchesse de Longueville s’entreuirent à Chaliot, où Monsieur
le Duc de Boüillon fut salüer Monsieur le Prince de Condé.



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