Anonyme [1649], SVITTE ET DIXIESME ARRIVÉE DV COVRIER FRANÇOIS, APPORTANT TOVTES LES Nouvelles de ce qui s’est passé depuis sa neufiéme arriuée iusqu’à present. , françaisRéférence RIM : M0_830. Cote locale : C_1_40_10.
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Longueville, ont nomme des Deputez au nombre de seize pour se
trouuer à ladite Conference, qu’ils estoient partis de ladite Ville pour
Ruel, auec pouuoir & memoires pour traitter des interests de la cause
commune en general, & de leur Prouince en particulier.

 

Comme le Roy & la Reyne Regente sa Mere ont tousiours esté portez
de bonne volonté pour les peuples de toutes les Prouinces de leur
Royaume, & particulierement pour le bien de la Ville de Paris, & que
le mal qui y est arriué & és enuirons, a esté contre leur intention, effectué
par l’ordre de celuy qui abusant de leur authorité & du pouuoir
que luy donnoit la Charge de son Ministere ; leursdites Majestez ont
fait publier vne. Ordonnance donnée à Saint Germain en Laye cedit
iour vingtiesme Mars, par laquelle, sur ce qui a esté representé au Roy
de la part du Preuost des Marchands & Escheuins de sa bonne Ville de
Paris, qu’au preiudice de ce qui leur a esté accordé par sa Majesté, aucunes
Villes estans sur les riuieres de Marne & Seine & autres lieux,
dont il peut venir des bleds à Paris, ont fait difficulté d’en laisser sortir,
pour n’auoir pas receu d’ordre de sa Majesté sur ce sujet. Sadite Majesté
par l’aduis de la Reyne Regente sa Mere, a ordonné que les bleds, &
toutes sortes de grains, vins, & autres viures & dentées quelconques,
seront tirées & transportées de toutes parts, & passeront en toute liberté
& seureté en ladite Ville de Paris, tant par eau que par terre, &
que le Commerce de toutes marchandises y sera entierement libre &
restably tout ainsi qu’il estoit auant le present mouuement : auec mandement
aux Gouuerneurs des Places & Villes, & tous autres, de tenir
la main à l’execution de ladite Ordonnance. Nonobstant laquelle les
gens de guerre du party contraire ne laissent pas de nous opposer tous
les obstacles qu’ils peuuent pour nous en frustrer de l’effet, à quoy la
peine qu’ils y prennent n’opere pas beaucoup, puis qu’auec tous leurs
efforts, la Ville ne laisse pas d’estre à present munie de viures pour plus
de six mois, en sorte que le premier dessein que l’on auoit eu de l’affamer
s’en est allé en fumée.

Le Dimanche vingt vniesme Monsieur le Duc d’Elbeuf ayant releué
du Camp de nostre Armée Monsieur le Duc de Boüillon, fait trauailler
incessammant à la continuation des trauaux & fortifications dudit
Camp à Ville-Iuifue, lesquels seront acheuez en peu de iours estans
desia pour la pluspart en deffense, particulierement du costé de l’Abbaye
de la Saussaye, lequel costé est flanqué de deux demy-lunes auec
vn tres-large fossé de chaque costé, bien palissadé, & au derriere de
deux places d’armes, qui peuuent contenir plus de deux mil hommes
en bataille.

Quelques Compagnies des Bourgeois du Faux-bourg Saint Germain
iusques au nombre de six mille hommes ou enuiron, firent exercice l’apresdinée
de ce iour dans le Pré aux Clercs, où Monsieur le Duc de
Beaufort, & Monsieur le Mareschal de la Motte s’y rencontrans, virent



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