Anonyme [1649], SVITE DV COVRIER DE LA COVR, PORTANT LES NOVVELLES de S. Germain, depuis le 22. Mars 1649. iusques au 29. , françaisRéférence RIM : M0_821. Cote locale : C_1_41_2.
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Ieudy 25. iour de l’Annonciation on ne traitta dans la Conference que des
des affaires de Normandie, dont la plus difficile est la suppression du Semestre
du Parlement, que les Deputez de ladite Compagnie demandoient absolument,
& qu’on ne voulut accorder de la part du Roy, que pour la derniere creation
faite de ce Regne, en sorte que les Officiers de la premiere creation faite en l’an
I641. par le feu Roy, & depuis reünis au Corps du Parlement de Normandie,
subsistassent. Les Deputez disoient tousiours n’auoir point charge d’entrer en
aucunes offres, iusques à ce qu’enfin sollicitez par ceux de Paris, qui tesmoignerent
ne se vouloir point separer de leurs interests, mais desirer aussi que la
Paix se pust faire à leur contentement, ils se relascherent à offrir de receuoir dix
Conseillers & vn President de ceux de la premiere creation, quoy qu’ils n’en
eussent point de charge, & cela pour n’estre point cause d’vne rupture si preiudiciable
à l’Estat.

Ce iour on eut nouuelles que le 19. de ce mois les Habitans de Poictiers estans
en armes au nombre de huit mille hommes, le Presidial, les Tresoriers de
France, & le Corps de Ville s’estoient declarez pour Paris : & l’on sçeut de
mesme que les Espagnols auoient retiré vne partie de leurs troupes du costé de
Guyse, le reste demeurant prez du Pont à Vere dans le Soislonnois, sous la conduite
du Marquis de Nermonstier, qui auoit sait rompre vne arche du Pont de
son costé, comme les Mareschaux d’Estrée & Du Plessis en auoient fait vne
autre du costé de deça.

Vendredy 26. on sçeut que sur le suiet du renouuellement de la tresue iusques
à Lundy, le Parlement auoit arresté que les Deputez seroient priez d’acheuer
la Conference dans ledit iour. Et dans la Conference du matin on n’auança
rien, les Deputez de Normandie ne voulant point relascher dauantage, &
Monsieur le Duc d’Orleans demandant au moins la conseruation de 17. Offices
de Conseillers & d’vn President : dont le refus obligea son Altesse Royale
d’entrer dans l’Assemblée, & dire que l’on pourroit reprocher à Messieurs de
Roüen d’estre cause que le Traitté de paix seroit rompu, mais qu’il esperoit de
faire vn voyage en Normandie, & d’y restablir l’autorité du Roy. Apres qu’on
se fut leué, les Deputez de Roüen pressez par ceux de Paris, afin qu’on ne leur
imputast pas la rupture, se resolurent enfin de passer quinze Conseillers & vn
President, dont son Altesse Royale tesmoignant n’estre pas contente, Monsieur
le premier President qui auoit esté mandé auec Monsieur le President De-
mesmes par son Altesse Royale, se fit fort de faire payer par sa Compagnie vn
Office des Conseillers, afin de contenter sadite Altesse, qui dit qu’il aimoit
mieux le payer luy mesme, & se contenta de l’offre desdits Deputez de Normandie,
dont les Conseillers qui seront reünis, payeront chacun dix mil liures,
& le President sept mil liures, pour seruir en partie à l’indemnité des supprimez,
auec leurs gages de quelques années.

L’apresdinée il fut parlé des autres assaires de Normandie, & l’on accorda
la suppression entr’autres choses de 17. Offices de la Cour des Aides. En suite



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