Anonyme [1652], SECONDE PARTIE DE L’ASNE ROVGE, DÉPEINT AVEC TOVS ses deffauts, en la personne du Cardinal Mazarin. I. Sur son incapacité & maniement des affaires. II. Sur son ignorance & ambition démesurée. III. Sur ses actions & entreprises, qui font cognoistre ses trahisons & perfidies, contre l’Estat. , françaisRéférence RIM : M0_85. Cote locale : B_12_57.
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rien entreprendre, on ne voulut hazarder de si braues gens.

 

L’on demeura deux iours en cette posture, ayant enuoyé
deux mille hommes au Fort de la Bastide, & autant au fauxbourg
de sainct Surin auec mille cheuaux, & pour la riuiere
ils l’auoient bordée de vingt deux grosses pieces de canon,
la moindre de dix-huict liures de balle, le tout garny
de bons soldats.

Quelque soin que l’on prit d’empescher la sortie des
Bourgeois, il fut impossible ; car estans sortis, ils escarmoucherent
continuellement du costé de la Bastide contre les
Mazarins, desquels ils en tuerent plus de soixante, & en
blesserent plusieurs.

On sçauoit d’heure à autre de leurs nouuelles par les soldats
qui s’alloient rendre à eux, disans qu’ils ne pouuoient
subsister dans l’armée à cause des maladies & de la necessité
des viures : le pain de munition se vendoit trente sols piece,
de sorte que demeurant deux iours arrestez, ils mouroient
de faim. L’Asne rouge bien estonné, sçachant la resolution
genereuse qui estoit entre le Parlement & le peuple de la
ville de se bien deffendre, il iugea à propos de se retirer de
tous les quartiers de l’armée ; & pour cét effet les vaisseaux
s’en retournerent à Blaye, & luy à la Cour, & l’armée décampant
pour aller passer la riuiere à l’Isle de S. George.

L’aduis ne fut si tost arriué à la ville de la retraite de cette
armée Mazarine, que de la Bastide sortirent six ou sept
cens hommes qui pousserent la Caualerie demeurée pour
soustenir, & chargerent leur arrieregarde, estans plus de
cinquante des ennemis tuez sur la place, & ceux de la ville
ny perdirent que cinq soldats.

Ils délogerent auec telle precipitation, qu’ils laisserent
la plus grande partie de leur bagage, quantité de Tantes &
autres choses estimées valloit plus de dix mille liures.

Du depuis ils firent mine de vouloir tenter quelque chose
du costé de sainct Surin, ce qui fut cause que ceux de la



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