Anonyme [1652], RESPONSE DE MONSIEVR LE PRINCE DE CONDÉ Contre la verification de la Declaration enuoyée contre luy au Parlement de Paris. , françaisRéférence RIM : M0_3410. Cote locale : B_14_15.
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n’auoit pas obseurué les formes requises dans le Iugement des procez
des Princes du Sang Ce que l’on vient de pratiquer contre Monsieur le
Prince est bien different de cette procedure, auparauant que d’auoir
[1 mot ill.] deliberé fi sa conduite est criminelle, on enuoye contre
luy vne Declaration de cette importance, sans la communiquer mesme
à Monsieur le Duc d’Orleans Oucle vnique du Roy, & sans vouloir
accorder à Son Altesse Royale vn delay de 15 iours pour pacifier les
mouuemens de l’Estat, afin de ler augmenter par cét acte iniurieux, on
en precipite l’en registrement, & Monsieur le ? Gardes des Sceaux,
pres l’auoir sçellé comme partie, sans auoir égard à l’imcopabilité de
ses deux charges, & contre toutes les regles de la Iustice y preside
comme Iuge,

 

Mais pourquoy s’estonder de ce que l’on a refusé à Son Altesse R. le
temps qu’elle demandoit pour trauailler à vn accommodement seur &
honneste, il n’y auroit gueres d’apparence qu’on luy accordat quinze
iours apres luy auoir refusé deux fois 24 heures pour la mesme chose.
L’esprit du Cardinal Mazarin qui anime encore là present les Conseils
du Roy, & qui ne regne que dans la confusion & le desordre, s’oppose
auec trop d’artifices aux bonnes intentions que Monsieur le Duc d’Orleans
a tousiours euës pour la tranquillité publique C’est ce mesme
esprit qui a fait porter au Parlement cette Declaration, par laquelle on
pretend auiourd’huy condamner la conduite de Monsieur le Prince,
qui bien loing (comme on l’accuse) de faire publier sous son nom
tous les pretextes specieux desquels se sont ordinairement serui ceux
qui ont voulu secoüer le ioug de l’obeyssance, à laquelle ils estoient
tenus enuers leurs Princes Souuerains, n’a que trop de iustes suiets de
songer à la conseruation de sa personne & de toute sa famille. Les dignitez
dont on recompense ceux qui ont fait des coniurations contre
sa vie & contre l’Estat, iustifient affes toutes les precautions qu’il prend
pour garentir l’vn & l’autre de la trahison & de la perfidie de ses ennemis ;
& il n’y a point de Iuge desinteressé qui puisse condamner
ses armes, puis qu’il ne les a prises que pour sa deffense particuliere,
qui est permise à tout le monde, & pour celle du repos
public, en s’opposant au retour du Cardinal Mazarin, qui en a esté
declaré le perturbateur. Voila quels sont les pretextes specieux
qu’on luy reproche tacitement dans la Declaration, mais que
l’on n’auoit garde d’exprimer, de peur que les mesmes Iuges par



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