Anonyme [1652], RESPONSE DE MONSIEVR LE PRINCE DE CONDÉ Contre la verification de la Declaration enuoyée contre luy au Parlement de Paris. , françaisRéférence RIM : M0_3410. Cote locale : B_7_56.
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duquel ils se seruent pour n’estre point connus ; & Dieu qui
pour mortifier l’orgueil des hommes ne permet pas que leur
prudence reüssisse tousiours, afin qu’ils aprennent qu’il y a
quelque chose au dessus de leur preuoyance, ne souffre pas aussi
qu’elle soit tousiours trompée, de peur qu’ils ne croyent pas
que c’est la seule fatalité qui gouuerne le monde qui nous fait
quelquefois deceuoir dans nos iugemens, & qui quelquefois
aussi fait que la violence & l’iniustice sont confonduës. Cela se
remarque assez dans la conduite de Monsieur le Prince & dans
celle de la Cour, qui dans la derniere occasion n’a peu si bien
cacher ses mauuaises intentions, que Monsieur le Prince, dont
la prudence auoit esté vne fois surprise, ne s’en soit aperçeu, &
c’est vne verité si constante, qu’il ne faut que lire la Declaration
que l’on a enuoyée au Parlement, dans laquelle on appelle
procedé d’honneur & de prudence, les Declarations qu’on
luy a accordées, & que l’on a fait publier dans la Maiorité,
quoy que ses pernicieux desseins & ses attentats à l’authorité
Royalle fussent connus.

 

Apres la Declaration que Monsieur le Duc d’Orleans fit en
faueur de Monsieur le Prince, & le dementy solemnel que Son
Altesse Royalle donna à ceux qui auoient conseillé de faire des
plaintes publiques de sa conduite, il ne se met guere en peine
de se purger des calomnies qui retombent à la veuë de toute la
France sur le visage de ceux qui les auoient inuentées ; Mais si
la Cour fut en ce temps là persuadée de l’innocence de Monsieur
le Prince, luy reprocher maintenant les mesmes crimes,
dont elle reconnut qu’il n’estoit point coupable ; c’est la marque
d’vne animosité dangereuse, & qui n’attendoit qu’vne
nouuelle occasion pour éclatter ; Que si elle n’estoit point
conuaincuë de la sincerité de son procedé, au contraire, si elle
estoit asseurée qu’il estoit criminel, luy faire vne reparation
publique par vne Declaration d’Innocence, & reietter toutes
les accusations sur la malice de ses ennemis, c’est la marque
d’vne foiblesse honteuse à l’authorité Royalle.

Vne conduite si legere & si inconstante ne deuoit elle pas
faire craindre à Monsieur le Prince l’inexecution de la Declaration
qu’on accordoit à son Innocence, & puis que l’on viole



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