Anonyme [1652 [?]], RESPONSE AV SEDITIEVX ESCRIT INTITVLÉ LETTRE DV BOVRGEOIS DES-INTERESSÉ. , français, latinRéférence RIM : M0_3385. Cote locale : B_17_9.
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forcent de nous le rendre & nous en font desia
gouster la douceur, meritẽt le nom de nos tyrans ?
S’il est ainsi, Paris aduouë qu’il cherit sa maladie,
& qu’il craint sa guerison, ou plustost qu’il ne veut
point de remede à ce prix, apres en auoir esprouué
la rigueur. Mais d’ailleurs ne sçait-on pas que les
peuples sont comme ces amants qui s’engagent
par sympathie, & qui souuent cherissent plus les
rigueurs de quelques nobles obiets qui les charment
sans dessein, que les faueurs de beaucoup
d’autres qui leur paroissent mesme odieux dans
l’estallage de leurs apas. Enfin nous sommes fixés
à ce point, nous aimons nos Princes sous ces noms
de nos maistres & de nos tyrans qu’on leur donne
iniustement ; & haïssons Mazarin, quelque bienfaisant
qu’on nous le figure, & haïssons aussi pour
son suiet les Turennes & les Seneterres qui nous
paroissent nos tyrans, & nos veritables ennemis.
Mais voyons si ce second dessein de deffaire l’armée
des Princes reüssit mieux aux Mazarins que le
premier. Ie demeure d’accord que pour cet effet
vne partie de leur armée passa sur le Pont de batteaux
qu’ils auoient fait sur la riuiere, qui la separoit
de celle des Princes ; que ceux-cy se voyants
beaucoup inferieurs en nombre, abandonnerent
leur poste de saint Cloud à dessein de se retirer à
Charenton ; que peu s’en fallut que ces deux
retraittes ne leur manquassent entierement ; que


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