Anonyme [1650], RESPONSE AV LIBELLE INTITVLÉ BONS ADVIS, SVR PLVSIEVRS MAVVAIS ADVIS. , françaisRéférence RIM : M0_3377. Cote locale : B_14_41.
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vn dessein si necessaire pour le salut de l’Estat, il faut inuenter
des crimes contre le Prince, luy imposer des ecrimes
dont il est incapable, & le mettre en lieu où l’on puisse attenter
seurement sur sa vie ; il faut estendre toutes les marques
de la fureur sur toute la maison de Condé, & lauer
dans le sang Royal l’affront qu’on a receu.

 

Que s’il se trouue quelques fidelles François qui conseruent
encore du respect pour des Princes du Sang si indignement
traittez, & qui touchez d’vne cruauté si extraordinaire,
osent parler en faueur de ces fameux captifs ; si quelques
Prouinces preuoyant bien les suites d’vne entreprise si insolente,
taschent de se mettre en estat d’esuiter les foudres,
dont il menace tous ceux qui se sont declarez contre luy en
faueur du bien public, il faut que les flatteurs qui se sont
laschement déuoüez à sa fortune, declament contre la conduite
de Monsieur le Prince, qu’ils le couurent de tous les
crimes du Mazarin, afin d’entretenir les peuples dans vne
haine iniuste, & les obliger par cet artifice à fermer les
oreilles aux salutaires aduis qu’on leur donne : Il faut persecuter
vne mere desolée, lors que la pieté maternelle la
fait venir aux pieds du Tribunal de la Iustice, pour implorer
son secours contre les violences de l’ennemy de l’Estat & de
ses enfans ; il faut par des factions abominables exciter les
subjets du Roy à commettre les derniers excez d’inhumanité
contre la premiere Princesse du Sang il faut poursuiure
vne mere qui desrobe son fils vnique à la fureur de l’ennemy
de sa maison, & donner ordre à ceux qui sont honnorez
de ces beaux emplois, d’exercer toute sorte de rigueur contre
cette jeune Princesse, & de luy arracher d’entre les bras
la seule consolation qui luy reste dans ses mal-heurs.

Ce n’est pas assez d’auoir chassé hors du Royaume vne
Princesse qui n’est criminelle, que parce qu’elle est sœur &
femme de trois Princes malheureux ; il faut condamner les
soins qu’elle prend pour la seureté de sa personne, pour la
liberté de ses freres, & pour celle de son mary ; & de peur



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