Anonyme [1650], RESPONSE AV LIBELLE INTITVLÉ BONS ADVIS, SVR PLVSIEVRS MAVVAIS ADVIS. , françaisRéférence RIM : M0_3377. Cote locale : B_14_41.
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& qu’elle ne luy demande compte des conquestes
que Monsieur le Prince auoit fait lors qu’il estoit en liberté,
des pertes que nous auons souffertes depuis son injuste
emprisonnement, des exactions barbares que le Cardinal
a fait par toutes les Prouinces, & de tous les desordres qu’il
a causé dans l’Estat ? Ne fera-il iamais de reflexion sur le
notable prejudice qu’il fait à sa Maison, en souffrant la
violence que le Cardinal fait à celle de Condé : puis qu’il
laisse aux Ministres qui viendront apres celuy-cy, l’exemple
d’vne insolence qu’ils pourront exercer contre ses enfans,
qui n’auront que le mesme rang & la mesme qualité
que possede aujourd’huy Monsieur le Prince, dont les ancestres
ont esté freres & fils de Roys, & porté la mesme
Couronne que nous voyons sur la teste de nostre jeune Monarque ?
Le Parlement de Paris qui a donné de si celebres
Arrests contre le Cardinal Mazarin, qui a fait prendre les
armes aux Bourgeois de la Ville capitale du Royaume,
pour se deffendre contre la tyrannie Sicilienne, qui a fait
achepter aux subjets du Roy, au prix de tant de sang & de
tant de millions vne Declaration si solemnelle, & si necessaire
pour temperer la puissance des premiers Ministres :
laissera-il violer l’article de la seureté publique en la personne
d’vn premier Prince du Sang, d’vn Chef du Conseil
du Roy, d’vn Conseiller necessaire de la Regence ? Ceux
de cette Compagnie qui ont tesmoigné tant de zele pour
la Iustice, pour la manutention des Loix, & pour le bien
public, tant d’auersion pour le gouuernement & la conduite
du Cardinal Mazarin, ne craignent-ils point qu’on
en die en cette rencontre, que leur vertu n’est point à l’espreuue
des Charges, des Emplois, des Benefices, & des
esperances qu’on leur donne ? Pensent-ils agir pour leurs
interests, lors qu’ils renferment toute la grace de la Declaration
dans leurs personnes ? Et croyent-ils à l’aduenir
engager dans leurs deffenses, les Princes, les grands Seigneurs,
& tous les autres particuliers du Royaume, qui se
voyent exclus d’vn priuilege qu’ils ont acquis au peril de


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