Anonyme [1650], RESPONSE AV LIBELLE INTITVLÉ BONS ADVIS, SVR PLVSIEVRS MAVVAIS ADVIS. , françaisRéférence RIM : M0_3377. Cote locale : B_14_41.
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à bout, qu’il met sa Calotte. Ie m’estonne qu’il ne leur
ait dit que pour faire mettre bas les armes à tous ceux à qui
le desespoir & sa mauuaise conduite les ont fait prendre,
il enuoyeroit sa Relique de Cazal, ce Chapeau qu’il garde
si precieusement, & qui (lors que le Parlement faisoit vendre
ses meubles à l’encan) estoit exposé auec les chausses
qu’il portoit durant qu’il estoit postillon. Doux & gracieux
comme il est, pour chastier les Bourdelois de la resistance
qu’ils ont fait au Duc d’Espernon, & du peu de complaisance
qu’ils ont eu pour le beau-pere pretendu de la noble
Princesse Martinossi, il ne fera pas démanteler leur Ville,
& raser leurs maisons, il ne leur ostera pas leurs anciens
priuileges, il ne fera pas comme autres fois dépendre leurs
cloches, mais il fera destacher tous les glants de leurs colets,
& pour luy rendre tous ses beaux mots dans le Paradis
de la Cour où il a si grand credit, où il est le Saint le plus
consideré il ne sera iamais leur intercesseur.

 

Est-il possible que tous les François cognoissent la foiblesse,
l’impertinence, & l’ignorance de ce Ministre, &
que tous les François le souffrent. La Reyne-Mere, Tutrice,
& Regente ne sera-elle iamais touchée des calamitez
des peuples, pour complaire aux violences que le Cardinal
Mazarin exerce injustement contre Messieurs les Princes ?
Exposera elle l’Estat du Roy son fils à la fureur des guerres
Estrangeres & Ciuiles ? Hazardera-elle encore vne fois la
fortune de la France pour celle d’vn Estranger qui est le
scandale de la Maison Royale & de tout le Royaume ? Monsieur
le Duc d’Orleans qui sçait la maladie de l’Estat, qui
voit les maux dont il est menacé, ne se seruira-il iamais de
l’authorité que luy donne la charge de Lieutenant General
de la Couronne, pour chastier ce Ministre qui seduit
la bonté de la Reyne, qui abuse insolemment de l’autorité
du Roy, & qui dispose des Gouuernemens, des Charges,
des Benefices, & de toutes les Finances du Royaume, sans
en communiquer à son Altesse Royale ? N’aprehende-il
pas que sa Majesté ne luy en fasse vn iour des iustes reproches,



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