Anonyme [1650], RESPONSE AV LIBELLE INTITVLÉ BONS ADVIS, SVR PLVSIEVRS MAVVAIS ADVIS. , françaisRéférence RIM : M0_3377. Cote locale : B_14_41.
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condamné tant de fois auecque seuerité, & declaré criminels
de leze Majesté des fils de France & des Princes du
Sang, n’a compris dans son Arrest du 8. de Ianvier que le
Cardinal Mazarin, qu’il recogneut pour le seul autheur de
ces pernicieux Conseils, en le declarant ennemy de l’Estat,
& perturbateur du repos public. On sçait bien auec quelle
humanité Monsieur le Prince espargna le sang des subiets
du Roy durant le siege de Paris, personne n’ignore les soins
que son Altesse prit de maintenir autant qu’il estoit possible
dans vne discipline exacte, les troupes qu’il commandoit ; &
si l’on fait reflexion sur ce qui se passe à present dans toutes
les Prouinces du Royaume, sur les meurtres, les vols, les incendies,
& les cruautez que les soldats y commettent par
les ordres secrets du Cardinal, qui veut se venger de la iuste
auersion qu’elles ont pour son ministere, & qui desrobant
l’argent qu’il fait leuer par des voyes barbares & inouïes,
pour la subsistance des gens de guerre, leur donne en proye
toute la France comme vn païs de conqueste. Ne iugera-t’on
pas que si Monsieur le Prince n’eut moderé la fureur de
cet insensé nos campagnes seroient encore à present desolées,
qu’il en auroit fait de vastes cimetieres, & que tous les
habitans des lieux circonuoisins de Paris seroient demeurez
enseuelis dans les ruines, sous lesquelles il auoit medité de
les accabler. Les desordres qu’on a fait depuis l’emprisonnement
de Monsieur le Prince dans toutes les terres qui luy
appartiennent, ce qui s’est passé à Chantilly, où par le
commandement du Cardinal, sans respect des lieux consacrez
au culte diuin, on a foüillé iusques dans les tombeaux,
celuy de Mademoiselle de Dunois ouuert par les gardes
qu’il auoit enuoyez pour enleuer ce qui restoit de plus precieux
dans cette maison abandonnée à l’insolence de ses
satellites ; bref les indignitez auec lesquelles il s’efforce tous
les iours de porter au desespoir tous ceux qui sont alliez ou
seruiteurs de la maison de Condé, ne persuadent-elles pas
aisément que si les mouuements de sa passion eussent esté


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