Anonyme [[s. d.]], RELATION DE CE QVI S’EST PASSÉ EN LA VILLE de Bordeaux les derniers iours du mois de Iuillet 1649. lors de la signification de l’Interdiction du Parlement. , françaisRéférence RIM : M0_3127. Cote locale : A_8_4.
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que le peuple crioit hautement qu’il le falloit arrester,
& l’Huissier luy ayant respondu que l’ordre estoit
de fermer les portes pendant que la Cour estoit assemblée,
il dit qu’il aimoit mieux aller dans la salle des Procureurs,
& sur ce temps luy ayant este rapporté qu’on
crioit par les rues, Aux armes ou égorge le Parlement ;
il commença à paslir, & dire aux siens de ne l’abandonner
pas. Il passa donc dans la salle des Procureurs
le chappeau à la main salüant vn chacun, & presque
personne ne luy rendit cét honneur : Là Monsieur le
Procureur General luy vint encore redire que la Cour
ne delibereroit point, & n’oiroit les Huissiers, qu’il ne
se fust retiré auec tous ses gens, & que la Iustice du
Roy ne fur en liberté ; il fit retirer lors la pluspart des
siens en bas, & ne retint en haut que six de ses
Gardes & le sieur d’Argenson. En suitte la Cour enuoya
des Commissaires pour reconnoistre l’estat du
dedans & du dehors du Palais, ce qui obligea Monsieur
d’Espernon de descendre au bas du grand degré
où lesdits Commissaires estant allez, ils s’enuisagerent
sans se saluër, & sur le rapport qu’ils firent à la Cour
Monsieur de Comminges se chargea de faire retirer
entierement Monsieur d’Espernon, qui cependant ce
promenoit sous porte du Palais auec chagrin & despit,
& l’eust encore plus grand quand ledit sieur de
Comminges luy vint dire qu’il falloit qu’il se retirast
chez luy, autrement qu’il ne pouuoit rien faire ; à quoy
il tesmoigna ne se pouuoir resoudre, disant que ce


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