Anonyme [[s. d.]], RELATION DE CE QVI S’EST PASSÉ EN LA VILLE de Bordeaux les derniers iours du mois de Iuillet 1649. lors de la signification de l’Interdiction du Parlement. , françaisRéférence RIM : M0_3127. Cote locale : C_9_29.
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choses, ils retournerent rapporter que tout estoit libre,
& lors la Cour escouta la lecture de l’interdiction,
qui fut prononcée par les Huissiers du Conseil contre
tout le Parlement, auec injonction à tous Messieurs
de sortir de la ville dans quatre iours, ce qui n’auoit
garde de pouuoir estre fait, à moins que de faire sortir
auec eux tous nos Habitans, lesquels sans armes
firent paroistre leur zele pour le Parlement, & firent
füir toute cette trouppe armée de Monsieur d’Espernon,
se contentant de leur dire qu’on ne s’en print pas
au Parlement, & qu’ils se laisseroient plustost tous hacher
en pieces, que de souffrir qu’on fit la moindre violence
à ces Messieurs : Ce qui a si sort estonné Monsieur
d’Espernon, qu’il dit l’apresdisnée à ses amis qui
le visiterent, estant dans le lict, où on tient qu’il se fist
saigner, que ce jour l’auoit plus instruit de ses affaires
qu’il ne l’auoit esté encor, que les flatteurs l’auoient
trompé : qu’il voyoit bien qu’il n’estoit pas
aymé, & qu’on le tenoit pour vn Tyran, en effet, on
la veu obligé à fuïr auec ses armes & canon à la prononciation
des ordres de la Cour, qui estoit sans armes,
& qui monstra dans cette action grand cœur
& grande majesté, ayant demeuré au Palais ce iour
vingt-quatriesme iusques à cinq heures du soir, où ils
donnerent Arrest, par lequel Monsieur le Procureur
General fut receu opposant à cette Déclaration, ordonné
que tres humbles remonstrances seroient faites
à sa Majesté, & cependant que l’exercice de la Iustice seroit


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