Anonyme [1649], RECIT EXACT ET FIDEL DE CE QVI S’EST PASSÉ A LA CONFERENCE DE RVEL, Pour la Negotiation de la Paix. , françaisRéférence RIM : M0_2996. Cote locale : E_1_19.
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Mazarin les signast. Fut representé que n’ayant assisté à la Conference,
il n’estoit pas raisonnable que sa signature y fust, mais on representa
aussi que par les articles du present Traitté ayant esté remis en
l’estat qu’il estoit auparauant le 7. Ianuier il n’y auoit point d’apparence
de l’exclure : que Monsieur le Duc d’Orleans en prioit la Compagnie,
pour faire voir vne reconciliation sincere & entiere de toutes
parts : Neantmoins que si la Compagnie s’y arrestoit trop, il proposoit
de les signer tout seul, mais que l’on considerast que cela iroit contre
l’honneur deu au Roy, qui auoit nommé tous ses Deputez, & blesseroit
le respect deu à Monsieur le Prince, qui ne signeroit point la
paix qu’il auoit negociee. Tellement qu’enfin tout d’vne voix il fut resolu
qu’on defereroit à Monsieur le Duc d’Orleans & s’estans tous les
Deputez leuez furent trouuer mondit sieur le Duc d’Orleans dans sa
chambre qui signa lesdits articles, & Monsieur le Prince apres luy, les
autres Deputez du Roy : puis Messieurs du Parlement, apres Messieurs des
Comptes, Messieurs de la Cour des Aydes & de la Ville en suite, &
apres lesdits articles signez, Monsieur le Duc d’Orleans prit la parole,
& dist, que puis qu’il auoit pleu à Dieu disposer les esprits de part &
d’autre à faire vn accommodement qui rendroit la tranquillité à la
France, il prioit Messieurs du Parlement de croire que Monsieur le Cardinal
Mazarin n’auoit iamais eu de pensee de luy faire aucun deplaisir :
Sur ce Monsieur le Cardinal a pris la parole, & dist, qu’il estoit bien malheureux
qu’on auoit interpreté ses intentions autrement qu’elles n’estoient :
qu’il auoit tousiours estimé & honoré le Parlement, qu’il auoit
tousiours eu dessein de le seruir, tant en general qu’en particulier, &
qu’à l’aduenir il le feroit paroistre plustost par des effects que par des
paroles.

 

Fut remarqué que lors que Messieurs les Deputez signerent les Articles,
ledit sieur Cardinal se mist de l’autre costé de la table, & à mesure
que chacun de Messieurs signoit il leur faisoit la reuerence : &
apres que tout fut acheué Messieurs les Deputez du Roy, & Messieurs
des Compagnies Deputez, se saluerent & caresserent reciproquement,
& rendirent de grands tesmoignages de ioye & de satisfaction de l’accommodement,
& on se separa sur les neuf heures du soir. Et le lendemain
Messieurs les Deputez separement sur les huict heures ont esté saluër
Monsieur le Duc d’Orleans & Monsieur le prince, lesquels les ont
acceuillis auec toutes sortes de caresses & de tesmoignages de bien-veillance,



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