Anonyme [1649], RECIT EXACT ET FIDEL DE CE QVI S’EST PASSÉ A LA CONFERENCE DE RVEL, Pour la Negotiation de la Paix. , françaisRéférence RIM : M0_2996. Cote locale : E_1_19.
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choses plus necessaires dans la ville de Paris, dés le premier iour de la Cõference.
Monsieur le Duc d’Orleans leur dist, qu’il n’estoit plus question
de se plaindre du bled, que les ordres auoient esté donnez pour en laisser
passer la quantité promise mais qu’il falloit conclure, & que depuis
six iours que duroit la Conference ils n’auoient encore donné que trois
articles ausquels il auoit respondu, & leur demandoit leurs autres articles :
Monsieur le premier President repartit, qu’il auoit receu les articles
de sa part ; mais qu’il y en auoit de si rudes, que si on ne les retiroit il
ne falloit point esperer d accommodement ; Que l’article premier touchant
l’esloignement de vingt-cinq Conseillers ou Maistres des Requestes
ne se pouuoit, non plus que celuy touchant le pardon de la ville
de Paris : Et sur ce que ledit sieur Duc d’Orleans dist, qu’il estoit bien raisonnable
qu’on demandast pardon ayant pris les armes, Monsieur le
premier President repliqua, que l’on ne souffriroit iamais que la ville demandast
pardon, n’ayant point failly ; qu’elle n’auoit pris les armes que
par l’authorité du Parlement, qui estoit le seul coupable s’il y auoit de la
faute : mais qu’il en estoit bien esloigné, ayant fait prendre les armes aux
habitans pour auoir des viures & pour la defense de leurs vies, qui estoit
vne defense legitime & naturelle ; que pour ne condamner les armes ny
des vns ny des autres, il falloit vne amnistie de part & d’autre. Monsieur
le Duc d’Orleans reprit la parole, & dist, qu’il consentoit bien vne amnistie,
mais qu’il falloit quelque sorte d’inegalité dans le Traité, & qu’il
n’estoit pas iuste que le Roy traitast d’égal auec ses subjets, & quelle
difficulté il y auoit que la ville demandast pardon, puis que luy mesme
l’auoit bien demandé. Fut repliqué, qu’il y auoit distinction des particuliers
& des Villes & Communautez, & que pour l’inegalité dans le
Traitté elle y estoit tout entiere, en ce que c’estoit les Deputez qui supplioient,
& que le Roy accordoit, & se porterent les contestations
de part & d’autre si auant, que Monsieur le premier President demanda
des passeports pour s’en retourner, & Monsieur le Prince dist qu’il leur
en falloit donner. Auquel ledit sieur premier President repartit en
sous-riant, que Monsieur le Duc d’Orleans ne l’auoit pas encore dit :
Qu’apres plusieurs autres discours Monsieur le Duc d’Orleans & Monsieur
le Prince s’adoucirent vn peu, & les presserent de donner les articles
de la Compagnie, dont ils firent quelque refus : mais enfin les ayant
donnez, Monsieur le Duc d’Orleans & Monsieur le Prince les prierent
de se retirer dans vne autre chambre où ils furent l’espace d’vne bonne


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