Anonyme [1649], RECIT EXACT ET FIDEL DE CE QVI S’EST PASSÉ A LA CONFERENCE DE RVEL, Pour la Negotiation de la Paix. , françaisRéférence RIM : M0_2996. Cote locale : E_1_19.
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& autres choses necessaires pour ladite ville de Paris Monsieur le
Prince les interrompit, & dit que l’on auoit desia laissé passer plus de
deux cens cinquante muids de bled : ils repartirent qu’ils auoient
asseurance du contraire, & qu’il estoit estrange que l’on eust enuoyé
vne reuocation sur vne difficulté qui s’estoit meuë à la Conference,
puis que l’on auoit donné parole aux Gens du Roy, qu’en cas que
la Conference fust rompuë on ne laisseroit pas de deliurer lesdits
cent muids de bled par iour, iusqu’au iour de la rupture. Monsieur
le Duc d’Orleans & Monsieur le Prince dirent hautement, qu’il n’estoit
pas vray que l’on eust dõné cette parole aux Gens du Roy, qu’ils
n’auoient point eu autre ordre que ceux portez par les lettres escrites
à Monsieur le premier President, qui portoient que l’on fourniroit
le bled selon ce qui se passeroit à la Conference. Lesdits sieurs
Deputez repliquerent que ladite Conference n’auoit esté accorder
dans le Parlement que sur la parole rapportée par lesdits Gens du
Roy, que l’inexecution de cette parole donnoit suiet à la plainte du
Parlement, & au dessein qu’ils auoient de reuoquer le pouuoir des
Deputez, que si l’on ne leur tenoit parole ils estoient obligez de ne
passer plus auant. Sur cela Monsieur le Prince leur parla fort hautement
& s’estoient retirez : Monsieur le President le Coigneux a pris
la parole en suite, & dit qu’il auoit esté ce matin voir Monsieur le
Duc d’Orleans, & auoit esté introduit dans sa chambre estant deuant
le feu, ne faisant que se leuer, & luy auoit dit qu’il le venot
voir non comme Deputé, mais comme son ancien domestique : que
Monsieur le Duc d’Orleans luy auoit demandé s’il ne vouloit pas finir
affaire & terminer la Conference ce iour là, & qu’il auoit respondu
qu’il estoit impossible, qu’il n’y auoit guere d’apparence que
l’on voulust terminer la Conserence pour la paix, puis que l’on n’auoit
pas tenu la parole que l’on auoit promise : que Monsieur le Duc
d’Orleans luy auoit dit qu’il la falloit terminer dés le iour, & au plus
tard dans le lendemain, de crainte qu’il ne se fist des actes d’hostilité
de part & d’autre qui mettroient les affaires hors des termes
d’accommodation qui estoit facile ; qu’il auoit eu plusieurs discours
auec Monsieur le Duc d’Orleans, ausquels il auoit pris plaisir, voyant
la liberté auec laquelle il deffendoit les interests du Parlement, &
qu’enfin il luy auroit dit qu’il pourroit peut estre faire souffrir beaucoup
de maux à la Compagnie, mais qu’il ne la forceroit iamais à


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