Anonyme [1649], RECIT EXACT ET FIDEL DE CE QVI S’EST PASSÉ A LA CONFERENCE DE RVEL, Pour la Negotiation de la Paix. , françaisRéférence RIM : M0_2996. Cote locale : E_1_19.
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rendre response dans le lendemain huict heures du matin, autrement
qu’il s’en iroit à S. Germain, & que nos passeports seroient
prests pour retourner à Paris ; Qu’il protestoit que nous serons responsables
de tous les malheurs qui arriueroient à la France si l’on
ne satisfaisoit à ce qu’il desiroit de nous : Monsieur le Prince a fait la
mesme protestation contre nous. Monsieur le President de Mesme
a respondu fort genereusement, & en substance a dit, que la Compagnie
auoit sujet de remercier sadite Altesse de la bonté qu’elle
auoit tesmoignée, la supplioit de la vouloir continuer & de ne pas
croire qu’elle eust apporté des longueurs, qu’elles ne procedoient
point de la part des Deputez, mais plustost de l’inexecution des
promesses qu’on leur auoit données, n’y ayant eu aucuns viures
amenez à Paris iusques à ce iour. Monsieur le Duc d’Orleans &
Monsieur le Prince ont interrompu, & ont dit, qu’ils n’estoient
point marchands de bled, & que c’estoit assez d’auoir expedié
des passeports pour cet effet. M. le President de Mesme a reparty,
que pour la premiere proposition touchant la translation du Parlement,
qu’il n’y auoit point d’exemple ; que s’il n’estoit question que
de soubmissions, le Parlement n’auoit jamais manqué d’en faire,
& qu’ils souhaiteroient les faire comme bons & fidels subjets &
Officiers : Pour la defense des Assemblées, que cette proposition
sembloit contraire à l’establissement du Parlement ; Que qui disoit
Parlement disoit Conference & Assemblée ; Que lors de la Ligue
Messieurs des Enquestes auoient beaucoup contribué à l’affermissement
de la loy Salique par l’Arrest qu’ils auoient donné, qui
auoit asseuré la Couronne du defunct Roy Henry le Grand son
pere, qui en auoit tesmoigné depuis toute sorte de gratitude à la
Compagnie. Ce discours continuant plus auant, Monsieur le Duc
d’Orleans a derechef interrompu, & a dit, que la Compagnie auoit
entendu ce qu’il auoit dit, & l’a encores repeté ; Et Monsieur le
Prince a dit, que ce qui auoit esté en ce temps-là auoit esté fait
courageusement, & que l’on en auoit sceu gré à ceux qui l’auoient
fait, mais que le temps estoit changé, & que les affaires du Roy
requeroient ce que Monsieur le Duc d’Orleans desiroit fust executé,
& sur cela se sont retirez de la compagnie : N’ayant pas bien pris
les termes de la proposition faite par son Altesse Royale, & trouuant
quelque difficulté à l’intelligence des propositions on a enuoyé par
deux fois les Deputez pour prendre les propositions par escrit,


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