Anonyme [1649], L’OMBRE DV GRAND ARMAND CARDINAL DVC DE RICHELIEV, PARLANTE A IVLES MAZARIN. , françaisRéférence RIM : M0_2593. Cote locale : B_13_17.
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ne trouuera pour sectateurs, que ceux que vous auez attachez
à vos interests, à la faueur de l’authorité de la Reyne, à qui
vous auez persuadé qu'en vous abaissant c’estoit choquer sa
puissance & mespriser ses volontez.

 

Il faut que ie vous auouë sans flaterie, que ie n’eusse iamais
esté capable d’vne pensée si ridicule aux estrangers & pernicieuse
pour nous, comme a esté celle d’enleuer le Roy en pleine
nuit : & mander en suite aux Bourgeois de Paris qu'aucuns esprits
seditieux du Parlement auoient correspondance auec les
ennemis de l’Estat, & qu'ils auoient obligé leurs Maiestez à
cette retraite.

Dites moy pauure imprudent, n’auez vous pas veu que cette
imposture estoit aussi grossiere que fausse, & que c’estoit indignement
offencer l’authorité & la grandeur de sa Maiesté
Royale, de la faire fuir de Paris, quand bien il y auroit eû
(ce qui est faux) des esprits seditieux dans son Parlement ; &
d’auoir fait faire au Roy ce qu’vn simple Bourgeois auroit eû
honte de faire, ayant vingt amis pour se deffendre ?

Si cét aduis estoit veritable, pourquoy sa Majesté n’enuoyoit-elle
pas ordre à son Parlement de se saisir des personnes des
accusez, & pourquoy n’enuoyer pas aussi les accusateurs auec
bonne garde, pour faire le procez aux vns ou aux autres ? Alors
si le Parlement en eût fait refus, il eût esté coulpable & complice
de cette coniuration contre la personne sacrée de sa
Maiesté.

En vain ie m’arresterois à dissiper vne fourbe si manifeste, il
me suffit de vous dire que vous estes vn lasche & tres pernicieux
Ministre d’Estat.

Si les poulets d’Inde qui estoient à Ruel au temps des Barricades
premieres, pouuoient parler ? il vous reprocheroient
vos coyonneries & vos lachetez ; puis qu'vn Renard ou quelque
autre b este les ayant fait vne nuit partir & voler d’effroy
dans le parc ; vous en eustes vne si forte alarme, qu’à peine
on pût vous rasseurer. Au fonds, ne voyez vous pas l’auersion
que toute la France a conceuë contre vous, & cela estant, &
puis qu’elle la met en trouble, si vous estiez genereux & bon



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