Anonyme [1652], L’INCONNV A LA REYNE. Où elle est suppliée, de chasser le Cardinal Mazarin, & monstré la necessité de son exil par des raisons infaillibles, & inneuitables, à cellefin d’auoir la Paix Generalle. , françaisRéférence RIM : M0_1693. Cote locale : B_16_25.
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toute l’esperance de la prochaine recolte : Quand ce qui restera
de la fureur de la Guerre, aura esté emporté, par la
famine, & par la peste : Quand vous aurez remply vostre
pays d’Estrangers, qui changeront nostre nom, & feront
des nouuelles Armées, nouuel Estat, & nouueau Gouuernement :
Introduiront telles Religions, & telles Loix que
bon leur semblera : aurez vous, ie vous prie obtenu le restablissement
du Cardinal, pour vostre repos ? En quel lieu sera
vostre Conseil pour aduoüer sa turpitude ? En quel estat
sera le Roy, sa Couronne, son Sceptre, sa Iustice, & tout
ce bel ordre de Gouuernement conserué en France depuis
treize cens ans ? Et vostre Majesté pour lors, si elle est viuante,
sera priuée de toute liberté, sous la tyrannie de l’Estranger,
& regrettera trop tard la confiance qu’elle aura,
en dans les propos interessez du Cardinal. Vous en voyez
dé-ja les commencemens ; Il ne reste plus qu’à faire ranger
les armées en bataille, à qui que ce soit, que la victoire en
demeure les affaires seront à vn tel poinct, que le mal sera
irremediable. Vos trouppes auront d’autres ennemys à combattre,
que ceux qui leur sont opposez maintenant ; la France
est pleine d’hommes, ayans mesme volonté, laquelle
s’enflammera d’auantage par la mort de leurs compagnons.
Le party vaincu accourra aux extremes remedes : Le vainqueur
sera si insolent de la victoire que l’autorité du Roy,
les voix, & les commandemens de ses Capitaines n’auront
plus de lieu, & ne seront plus connus en son endroit. Que
Vostre Majesté se souuienne que l’ancien Estat de la France
a esté subuerty par semblables moyens à ceux dont on vse à
present. Il y a seize cens ans passez, que les Prouinces, les
Villes, & les Familles de cette nation estoient diuisées par
factions, lesquelles se maintindrent en cette maniere de
gouuernement, iusqu’à ce qu’vn party se sentant foible,
appella les Allemans à son secours, & l’autre les Romains,
les deux Estrangers firent la Guerre continuellement en
France, l’espace de quatre cens ans : Si les Guerres Ciuiles
continuent, il est à apprehender que le mesme n’arriue, &
nous verrions renouueller parmy nous, ce qui fait horreur
à la memoire.

 



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