Anonyme [1649], L’HOMME QVI NE CRAINT RIEN, ET QVI DIT TOVT, A MONSIEVR LE MARESCHAL DE LA MEILLERAYE. , françaisRéférence RIM : M0_1660. Cote locale : A_3_79.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 10 --

A quelques iours de là, que l’on fut estonné quand on ouït
asseurer que pour auoir si bien fait pour Mazarin, il vous
auoit pourueu de l’eminente charge de Sur-Intendant des
Finances, & que l’on vous auoit donné pour adioints les
sieurs d’Aligre & de Maurangis.

 

Le Peuple de Paris creut d’abord, que vous n’auiez sans
doute accepté cette promotion, que pour en soulager la
France, & par ce moyen regagner la bien-veillance des
François. Les plus honnestes gens furent de cét aduis,
d’autres n’y peurent pas croire, ne pouuant pas se persuader
que vous eussiez pris cét employ d’vn Voleur, que
pour acheuer de ruiner le Royaume. En peu de iours on
sceut que les finances que vous auiez amassées par vostre
administration, furent employées en partie, à vous payer
de notables sommes que vous pretendiez vous estre deuës :
& en l’autre aussi, à donner à vostre parente la Duchesse
d’Aiguillon, qui se disoit creanciere du Roy. Tout cela
monstra bien apparemment que vous n’estiez pas tourné
du costé que l’on croyoit. Vous le tesmoignastes bien aux
deux rauissemens que l’on fit aux Parisiens de leur Roy,
mais particulierement au dernier rapt, où vous emportastes
auecque vous seize millions, pour ayder au Cardinal
à faire la sanglante guerre qu’il a faite depuis à Paris.

Que vous a causé cét égarement d’esprit, d’auoir épousé
le party du monde le plus abominable ? vous auez fait
captif le Chef de la Maison de Richelieu, vous luy auez
fait perdre son employ, & ses galeres, & auez reduite sa
Tante, à auoir beaucoup décheu, de son honneur, de sa
grandeur, & de ses biens ?

Pour reparer ce débris, & ce tort que vous vous estes
fait, & à tous les vostres, voicy vn expedient dont ie vous
prie de vous seruir. Parlez librement à la Reyne des miseres
publiques ; dites-luy franchement, & en bon françois,
qu’vn Estranger Sicilien en est le seul autheur ; qu’il y va
de l’honneur, & du deuoir de sa Maiesté, de rendre le Roy
à son Peuple, & d’auoüer tout ce que l’Auguste Parlement



page précédent(e)

page suivant(e)