est vn miroir qui ne flatte point, & c’est ce qui
vous doit puissamment persuader que l’Esprit
d’vn Pere reuenu du sejour des morts, pour vous
sauuer du peril d’entrer vous mesme en ce noir
abysme, a beaucoup de choses de consequence à
vous dire, & beaucoup de secrets à vous reueler.

Que si ma voix ne vous est point suspecte aussi
bien que celle de tous les gens de bien de vostre
Estat, ie vous diray d’abord que vos plus grand
ennemis sont ceux que vous pratiquez le plus, &
bien que ce soit faire violence à vostre inclination,
i’oseray trancher ce mot, que la passion de
vostre Mere est la furie qui porte le flambeau par
tout vostre Empire, pour y causer les embrazemens
& les ruines qui le rendent digne mesme
de la compassion de ses anciens ennemis, & dont
on cache soigneusement les indices à Vostre Majesté,
de peur d’attirer sa colere sur ceux qu’elle
croiroit en estre les veritables aucteurs.

Mon FILS, le nom de Mere est Saint en effet,
il est inuiolable, il est captiuant. Mais il faut
aussi demeurer d’accord qu’elle doit tascher de
faire tousiours l’Office de Mere, & de n’oster pas
dans la suitte des années à celuy qu’elle a mis au
iour plus de biens par son ambition, qu’il n’en receut
de son amour en naissant. Que vous a donné
celle qui vous captiue à present, & qui dispose
de vostre Empire en souueraine, que l’auantage
de participer à la lumiere du iour comme tous les