Cependant ie ne dois pas aussi celer que ces Princes
establis par force en vn pays de conqueste, se
sont maintenus par la violẽce : & sans vous parler
des premiers siecles, il est iuste que vous sçachiez
que les derniers Roys qui ont commandé, se sont
attribuez des droits illegitimes dont on demande
maintenant l’abolition ; & que c’est vne des
principales causes des troubles de vostre Estat.
Ie sçay bien que vous vous dites la Loy viuante
& animée, qui establit pour loy tout ce qui luy
plaist : mais i’ignore qui vous donne ce titre, si
ce n’est l’espée qui vous le peut de mesme oster :
Pour moy, MON FILS, i’auouë que ie m’y suis
méconté comme les autres, & que i’ay plustost
accreu le mal que ie ne l’ay diminué : mais il faut
que vous confessiez que vostre Mazarin l’a porté
dans l’extremité. Vous donc, qui connoissez
que la patience des peuples est à bout, & que la
reuolution de l’Estat est proche, si vous n’y remediez
promptement, taschez d’en vser auec
tant de moderation & de prudence, que vous
rendiez le courage à ceux qui l’ont presque perdu,
& que vous l’ostiez à ceux qui paroissent enflez
d’orgüeil & de vanité, dans l’esperance de
profiter de ces desordres : & pour arriuer à cette
heureuse fin, il faut que vous ostiez tous les
pretextes de la guerre, la Reyne, le Mazarin, les
Estrangers qui sont dans vostre Conseil, & le
premier President, auec la plus grande partie

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