auec son image & cette inscription. Quelqu’autre
vous feroit encor le recit des morts sanglantes
& tragiques de Ruffin & de Stilicon sous l’Empereur
Honorius, le premier estant son tuteur
& son principal Ministre, qui pretendoit au titre
de Souuerain, soüillé comme Maz. dans les infames
crimes d’auarice & de concussions : & le second
son Ministre en paix, & le chef de ses armées
en temps de guerre, qui, bien qu’il eust deffait
les Gots en vne grande bataille, & qu’il se
fust ainsi rendu venerable & redoutable à tout
l’Orient, ne laissa pas de perir par les mains d’vn
assassin auctorisé de l’Empereur, pour n’estre pas
demeuré aprés ses victoires dans les termes de la
modestie & du deuoir. Enfin vne infinité d’exemples
de cette nature vous feroient voir que les
grands Princes doiuent estre comme les grandes
> mers qui ne s’émeuuent pas facilement, mais
qui font vn bruit, & des effets merueilleux
quand ils sont vne fois émeus.

C’est pour vous dire, mon FILS, qu’ayant
reconnu l’audace & l’auarice de Mazarin, dont
il est conuaincu par les témoignages de toute la
terre, vous deuez le punir auec vne seuerité d’autant
plus grande, qu’il hazarde indiscretement
vostre personne pour son seul interest, en vous
engageant à des guerres, dont il est le seul autheur,
& dont il espere recueillir tout l’auantage,
vous en laissant tout le trauail, & toutes les pertes,