Anonyme [1652], L’ESPRIT DV FEV ROY LOVIS XIII. A SON FILS LOVIS XIV. Luy monstrant que la mauuaise conduite de Mazarin, est la cause des troubles de l’Estat. Et luy donnant les moyens infaillibles de les appaiser, par son retour en sa bonne Ville de Paris. , françaisRéférence RIM : M0_1287. Cote locale : B_3_3.
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les fourbes, & les larcins de ceux ausquels il fournissoit
d’illustres emplois, pour faire des profits
honnestes sous son auctorité. Tacite vous apprendroit
que Tibere, le Prince le plus rusé qui
iamais eut l’honneur de s’asseoir sur le trosne
des Cesars, eut long temps des inclinations &
des tendresses particulieres pour Aelius Seianus,
qu’il combla de toutes sortes de dignitez, & qu’il
ne laissa pas de faire perir auec son fils & sa fille,
quand il sceut parfaittement que ce traistre abusoit
de ses dons & de ses faueurs pour la ruine
de sa Maison, & des plus illustres d’entre les Romains.
Zonaras ou quelque autre, vous feroit
sçauoir que le grand Belissaire fut long temps
les delices de Iustinian, aussi bien que l’admiration
de son peuple, & le dompteur de la Perse,
& des nations estrangeres : cependant le mesme
Aucteur vous témoigneroit que ce fameux Conquerant
receut quelque temps aprés de l’Empereur
son maistre, lequel auoit formé ie ne sçay
quel soupçon de sa conduite, vn traittement qui
l’estendit sur le bord d’vn grand chemin, vn effroyable
spectacle aux passans, ausquels, aueugle
& dépourueu de toutes sortes de biens, il demandoit
d’vne voix suppliante, vn denier pour
ce Belissaire, qui mist autrefois les Tyares & les
Couronnes à bas, & que Iustinian mesme auoit
nommé la gloire & l’honneur de son Empire
dans vne espece de monnoye qu’il fist forger


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