Anonyme [1652], L’ESPRIT DV FEV ROY LOVIS XIII. A SON FILS LOVIS XIV. Luy monstrant que la mauuaise conduite de Mazarin, est la cause des troubles de l’Estat. Et luy donnant les moyens infaillibles de les appaiser, par son retour en sa bonne Ville de Paris. , françaisRéférence RIM : M0_1287. Cote locale : B_3_3.
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en suite contrefaire le lyon, n’a paru qu’vn loup
rauissant. Estranger, il a pensé qu’il se pouuoit
dispenser à toutes sortes de libertez dans vne
terre estrangere, & qu’il seroit loüé parmy les
siens, de nous auoir icy causé plusieurs naufrages,
pour auoir lieu de profiter & de les faire profiter
de leur debris : estant né gueux & miserable,
il a cru qu’auant toutes choses il deuoit se seruir
de l’occasion pour se mettre au dessus du
commun, & remedier à sa pauureté. Cette pensée
a donné pied à son auarice & à son ambition,
& comme vn vent de trauerse ne l’est venu saisir
qu’aprés qu’il a veu son bonheur confirmé par
beaucoup de succez auantageux, & ne se peut
ainsi nommer qu’accident en son ame, en qui
l’auarice tient lieu de substance. Les belles passions
qui suiuent la haute naissance & la belle education,
& qui se forment en nous sur le modele de
celles de nos ancestres, que nous nous proposons
d’imiter, n’ont garde de luy seruir d’ornement,
puisqu’il a coule ses premieres années parmy les
desbauches & l’infamie d’vne vie obscure ; &;
que n’ayant paru sur le theatre de l’Europe en diuers
endroits, que pour representer vn personnage
ridicule, il en conserue encor les habitudes :
enfin on void bien que dans cette inclination
basse & rampante il a des desseins tres preiudiciables
au bien de la France, dans le despit de s’en
voir choqué. Et ce que i’en puis presumer de plus


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