Anonyme [1652], L’ESPRIT DV FEV ROY LOVIS LE IVSTE A LA REYNE. Luy tesmoignant ses sensibles regrets sur le mauuais gouuernement de l’Estat. , françaisRéférence RIM : M0_1286. Cote locale : B_4_19.
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regirez mal comme vous faites ? Ne pensez-vous
point que quelque grand mal-heur menasse la
France, & que vous le rendez infaillible par la
mauuaise conduite que vous pratiquez ? Vous
croyez tout pouuoir quand vous n’estes & ne pouuez
presque plus rien, & ne vous apperceuez pas
que portant les choses à l’extremité, vous portez
à la rebellion, ceux qui n’auoient point de plus
forte passion que de rester tousiours obeyssans au
Roy vostre fils ? La haine qu’on vous porte aussi
bien qu’au Mazarin, semble passer iusqu’à luy,
parce qu’il est le fils de l’vn & le nourrisson de l’autre,
& du moins l’inclination des peuples à peine
à demeurer balancée entre ces deux extremitez ?
Croyez-vous que ce soit vn ioug necessaire à la
Frãce d’auoir des Roys ? Ne sçauez-vous pas qu’ils
sont venus d’Allemagne dans son sejour, & que
pour estre digne du nom qu’elle porte, il faut
qu’elle recouure la franchise qu’elle a perduë depuis
plusieurs siecles ? Elle aime naturellement ses
Roys : mais Rome les aimoit aussi, qui ne laissa
pas de les chasser, quand elle vit qu’ils croyoient
que le nom de Roy les dispensoit de reconnoistre
aucune autre loy que celle de leurs desirs. Tout ce
qui a commencé peut prendre fin, & si ceux qui
vinrent d’Allemagne auec les Roys ont laissé des
successeurs qui les aiment : Le sang des Gaulois, sur
lesquels ils ont vsurpé cette puissance, en est naturellement
ennemy. Il est vray que les Gaulois
estoient auparauant sujets des Romains, mais ces


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