Anonyme [1652], L’ESPRIT DV FEV ROY LOVIS LE IVSTE A LA REYNE. Luy tesmoignant ses sensibles regrets sur le mauuais gouuernement de l’Estat. , françaisRéférence RIM : M0_1286. Cote locale : B_4_19.
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Cour. Vous dissimulastes pourtant, & sceustes
tenir vos vices cachez, iusqu’à ce que le Parlement
vous eut accordé mal-heureusement la
Regence que vous demandiez contre raison,
estant vous mesme incapable de vous regir, bien
loin de pouuoir regir tout vn Empire. Quelques-vns
se souuinrent alors de la deffense que
i’auois faite de vous esleuer à ce rang : mais la
passion des esprits, preoccupez de l’opinion que
vostre vie estoit toute sainte, ne laissoit point de
place à de contraires pensées. Ce sentiment que
i’auois témoigné dans le dernier iour de ma vie,
rendant ma precaution suspecte de jalousie, parut
d’autant plus iniurieux à vostre reputation,
qu’il sembloit porter auec soy quelque marque
de crainte, au dessein d’empescher que vous
n’eussiez l’auantage, pour la comparaison qu’on
feroit desormais de vostre regne & du mien.
La voix du peuple, qui ne fut pas en cette occasion
celle de Dieu, preuint en vostre faueur les
suffrages du Parlement, dont ceux qui vous
aimoient le moins, se hasterent d’applaudir
à ce desir du vulgaire, de peur qu’estans les
derniers à vous donner leurs voix, ils ne fussent
les premiers à souffrir la peine de ne vous
auoir mise assez tost en estat de tout pouuoir
impunement : & l’ignorance ou la stupidité
publique fut si grande en cette occurrence,
qu’on ne s’apperceut pas qu’on mettoit


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