Anonyme [1649], L’ESPERANCE DES BONS VILLAGEOIS, Et leurs resioüissances publiques sur les heureux progrez des armées Parisiennes: Conduites par Messieurs les Princes de Conty, de Beaufort, d’Elbeuf, & autres grands Seigneurs. , françaisRéférence RIM : M0_1278. Cote locale : A_3_49.
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comme le frere à Tampon nous le disoit hier : cela est trop veritable,
dit Rapio, que plût à Dieu que cela ne fust point, au moins
plusieurs honnestes femmes auroient cette consolation & contentemẽt
que de coucher encores auec leurs maris, qui sont morts
glorieusement les armes à la main, en maintenãt l’autorité Royale,
& deffendant vaillamment leur pain & leur patrie que ces
traistres & cruels barbares leur veulent oster : Comment, dit Bouuingre,
ils se sont doncques battus, ouy pour vray, replique Rapio ?
& y a-t’il bien eu du monde de l’Armée Parisienne qui aye
glorieusement acquis le trépas, dit Bouuingre, quand il n’y en auroit
eu que deux, ce seroit encore trop : Mais n’ry-ie pas oüy dire,
dit Bouuingre, qu’il s’estoit desia fait quelque petite charge vers
Lonjumeau & vers Bondis, cela est vray, repliqua Rapio, mais
cela est de si petite consideration, que cela ne vaut pas la peine
d’en parler ; mais disons plustost ce qui s’est passé & ce qui se passe
maintenant : il m’est à voir que ce matin i’ay entendu tirer quelque
coup de canon, ie croy que nes gens ce sont batus asseurément :
car hier le gros Nicolas nous dit qu’il auoit bien veu sortir
des Trouppes de Paris, & que l’on disoit qu’ils alloient pour faire
entrer vn grand Conuoy dans Paris, en disant ces mots, nous fusmes
estonnez qu’il s’éleua vn petit murmure dans le Village, &
puis en mesme temps plusieurs personnes tous d’vne voix s’écrierent,
Viue le Roy & Monseigneur de Beaufort, nous en mesme temps,
entendans cecy, nous nous leuasmes de table, & estant à la porte,
nous fismes enqueste d’où prouenoit ce bruit, l’on nous fist réponse
qu’vn Courier venoit de passer, lequel disoit que les Siciliens
& Mazariniques auoient voulu empescher de passer le grand
Conuoy que Monseigneur le Duc de Beaufort conduisoit à Paris,
& que pour ce faire Monsieur le Prince de Condé, luy-mesme
protecteur du fleau de la France auoit attaqué les Trouppes dudit
sieur de Beaufort, esperant les rompre promptement, & gagner le
Conuoy : mais Dieu protecteur des Lis François en auoit disposé
autrement, puisque ces gens auoient esté rompus & la plus grande
partie taillées en piece, & principalement le Regiment qui porte
le nom de l’Autheur de cette guerre Ciuile, qui est vne bonne augure
pour nous, & au contraire bien au desaduantage de ce cruel
& temeraire Mazarin. Outre cecy, on nous asseure encore que
celuy qui par le passé se faisoit nommer Mareschal de Guiche, &


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