Anonyme [1649], L’ESPERANCE DES BONS VILLAGEOIS, Et leurs resioüissances publiques sur les heureux progrez des armées Parisiennes: Conduites par Messieurs les Princes de Conty, de Beaufort, d’Elbeuf, & autres grands Seigneurs. , françaisRéférence RIM : M0_1278. Cote locale : A_3_49.
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tu l’as belle, repliqua Bouuingre, ils firent là de tres beaux
exploits, ils y coucherent seulement vne nuict, & puis ce fust tout
veritablement ; Ie peux dire que nous auons du mal cent & cent
fois plus qu’eux, tu sçais qu’il faut que nous gardions les auenuës
de nostre Village, que nous auons fait des Forts pour empescher
les Trouppes de ce maudit Diable de Mazarin, qui ne font que
voltiger icy alentour, tuant l’vn, pillant l’autre, & mesme tu sçais
comme nous sommes desia contraints de faire resserter nos filles
dans les Eglises & Chasteaux de crainte qu’ils ne tombent entre
les mains de ces Diables incarnez, qui les traittent d’vne façon
toute barbare & à la Turque. Tout ce que tu dis est beau & bon,
dit alors Rapio, mais il faut que tu sçaches que nous auons beaucoup
d’obligation aux Bourgeois de Paris, à Messieurs du Parlement :
& encores à Messieurs les Princes de Conty, de Beaufort,
d’Elbeuf & Monsieur de Longueuille, qui est allé querir du secours
à Roüen & à plusieurs autres grands Personnages, qui ont
pris les armes pour la protection du pauure peuple, qui alloit effectiuement
succomber sous le faix des Imposts, Taille, Taillons
& Subsides : Et i’espere, s’il plaist à Dieu. que bien-tost nous serons
soulagez & garentis de l’incursion & pillerie de ces petits
laronneaux de Sergens & pousse-culs, infames harpies qui gastẽt
ce qu’ils ne peuuent emporter, & qui tous les iours estoient à nos
portes pour attraper & vendre deux escuelles si nous les auions
pour payer cette diable de Taille, ce n’est pourtant pas à dire que
nous deuions esperer d’en estre tout à fait deschargez : mais, s’il
plaist à Dieu nous en serons soulagez, si Dieu par sa saincte grace
donne victoire à nos vaillans & courageux Generaux Mais à
propos, dit Bouuingre, n’ay-ie pas oüy dire que l’Armée de Mazarin
auoit pris quelques Villages alentour de Paris, & qu’ils les ont
ruynez : Cela est veritable, dit Rapio, le Mareschal de Grammont
s’est rendu Maistre de Meudon, & quelques autres Trouppes
se sont iettées, les vnes dans Palayzeau, les autres à S Cloud,
& en quelques autres endroits, où ils ont fait des actions tellement
impies & scandaleuses, que les Turcs & Barbares loings de
les executer ne les penseroient pas seulement ? Et qu’ont-ils fait,
ce fit Bouuingre, cela ne se declare point, l’expliqua Rapio : &
mais, au moins, dit Bouuingre, & puisque tu en sçais tant : Mon
cher Rapio, dis-moy vn peu, s’ils sont maistres de Charenton,


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