Anonyme [1649], L’ENTRETIEN SECRET DE MESSIEVRS DE LA COVR DES. GERMAIN, AVEC MESSIEVRS DE LA COVR DE PARLEMENT DE PARIS. , français, latinRéférence RIM : M0_1244. Cote locale : C_7_72.
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d’en donner aduis. Tunc etiam fatis aperit Cassandra futuris
Ora, Dei iussu nonnunquam credita Teucris. Les plus sages s’escrioient
qu’il falloit aller au deuant : mais tout cela n’empescha
point qu’ils ne fussent affrontez, & affrontez par vn cheual de
bois. Quoy qu’on leur representast qu’asseurement cette machine
estoit destinée pour machiner leur ruine : & que cette
offrande de pieté apparente, estoit vn cruel artifice preparé à
leur destruction : Quoy qu’il n’y eut rien de plus facile, ny de
plus raisonnable, que d’en faire l’espreuue, auparauant que de
l’introduire dans l’enceinte de leur ville Quoy qu’vn certain
Laocoon mesme poussant le fer de sa lance dans les flancs de ce
Colosse, en tirast des gemissements estouffez, & des gouttes de
sang qui tesmoignoient assez le stratageme des ennemis. Quoy
qu’on leur dist ouuertement que ce present venant des Grece,
ne pouuoit estre que tres-suspect, qu’il y auoit des Soldats cachez
dans le vẽtre de cét animal, qu’ils feignoiẽt de consacrer à
Minerue, & qu’il le falloit ou ietter en la mer, ou consommer
par le feu, ou du moins le visiter, cependant les pauures Troyens
preuenus d’vne folle imagination, sans examiner vne affaire de
telle consequence, ne se contenterent point de luy ouurir les
portes : mais encor ils rompirent les murailles pour luy faire vne
entrée plus magnifique.

 

 


Scandit fatalis machina muros,
Fœta armis, circum pueri innuptæque puellæ
Sacra canunt, funemque manu contingere gaudent :
Illa subit, mediæque minans illabitur Vrbi,
O Patriæ ! ô Diuum domus, Ilium & inclyta bello
Mænia Dardanidum, quarter ipso in limine portæ
Substitit, atque vtero sonitum quater arina dedere ;
Instamus tamen immemores, cæcique furore,
Et monstrum in fælix sacrata sistimus arce.

 

Si vous nous permettez, Messieurs, de faire l’application de
toutes ces veritez nous vous dirons dans le langage du sainct
Esprit, qu’il est vray en France aussi bien que par tout ailleurs,
que quand la Iustice de Dieu est irritée, & qu’elle veut punir
les Republiques, elle oste la science & le conscience à ceux
qui les gouuernent. Elle oste la creance & le credit aux Sages,
& elle permet que la verité dans leur bouche, prend la place
du mensonge, & le mensonge celle de la verité. Elle frape



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