Anonyme [1649], L’ENTRETIEN FAMILIER DV ROY, ET DE LA REINE Regente sa mere, sur les affaires du temps. , françaisRéférence RIM : M0_1242. Cote locale : E_1_91.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 11 --

Seigneurs de mon Royaume m’ont ils quitté pour aller à<lb/> Paris.

 

La R. Mon fils, c’est qu’ils sont bons François, & qu’ils ne
sont pas pensionaires de M. le C. Mazarin, ny alliez du C. de
Richelieu.

Le R. Ma bonne maman, dites moy pourquoy leue t’on
tant de gens de guere à Paris, est-ce pour mon seruice.

La R. Mon fils, non, c’est pour m’empescher d’affamer Paris,
& pour Messieurs du Parlemẽt, que i’ay en grãde auersiõ.

Le R. Ma bonne maman, si ces messieurs du Parlement
sont les plus forts, que deuiendray-ie.

La R. Mon fils, c’est dequoy ie ne me soucie guere, parce
que M. le C. Mazarin, & M. le Prince de Condé m’ont promis
de les perdre tous.

Le R. Ma bonne maman, dites moy quand ils auront tout
perdu, le Parlement & mes peuples, de qui seray-ie Roy.

La R. Mon fils, ie ne songe pas à cela, ny de qui vous serez
Roy, pourueu que ie sois vengée.

Le R. Ma bonne maman, dites moy de qui vous voulez vous
venger ? qu’est ce que l’on vous a fait.

La R. Mon fils, ie veux faire pendre les messieurs du Parlement
de Paris, & apres ie viendray bien à bout de vos peuples,
& des autres Parlemens.

Le R. Ma bonne maman, dites moy que vous ont fait les
messieurs du Parlement.

La R. Mon fils, ne m’importunez pas dauantage, n’est-ce
pas assez que ie suis Reyne Regente, & M. le C mon conseil
pour faire tout ce qu’il me plaist.

Le R. Ma bonne maman, le Roy Henry IIII. mon ayeul
disoit qu’il estoit vn grand Roy à cause que son peuple estoit
riche, & moy que diray-ie puisque vous ruinez le mien.

La R. Mon fils, le Roy Henry IIII. estoit vn homme qui
n’auoit pas de fauory comme moy, à qui ie fais du bien.

Le R. Ma bonne maman, dites moy ce que ie feray quand
ie n’y aura plus de Parlement, qui rendra iustice.

La R. Mon fils, nous auons M. le Chancelier, qui est le
chef de la Iustice, & M. le grand Preuost, qui feront la iustice



page précédent(e)

page suivant(e)