Anonyme [1649], L’ENTRETIEN FAMILIER DV ROY, ET DE LA REINE Regente sa mere, sur les affaires du temps. , françaisRéférence RIM : M0_1242. Cote locale : A_3_47.
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Parlement de Paris, quand ils sont venus icy.

 

Le R. Mon fils, ç’a esté M. le C. Mazarin, & M. le Prince
de Condé, qui m’ont dit que puis qu’il falloit affamer la ville
de Paris, il ne leur falloit pas parler.

Le R. Ma bonne maman, dites moy puisque vous voulez
affamer ma bonne ville de Paris que deuiendront tant de
bons Religieux, & Religieuses qui ne viuent que d’aumosnes,
les petits enfans à la mamelle, les pauures dans les hospitaux,
& par la ville, & tant de gens de bien qui sont dans
Paris.

La R. Mon fils, ne vous en mettez pas en peine, car vous
ne scauez pas où peut aller la passion d’vne femme Reyne
Regente quand on heurte ses volontez.

Le R. Ma bonne maman, vous ne vous souciez donc guere
de mon Royaume.

La R. Mon fils, quand vous serez en âge vous y aduiserez,
car pour moy ie veux viure & mourir auec M. le C. Mazarin.

Le R. Ma bonne maman, vous me ferez passer pour vn
Roy Herode, faisant mourir tant d’Innocens.

La R. Mon fils, ce ne sera pas vous, c’est moy, qu’à Dieu
ne plaise que ie voulusse faire tuer les Innocens, comme le
Roy Herode : non nõ, ie me contenteray de les faire mourir
de faim, & seicher, attachez aux tetons de leurs meres.

Le R. Ma bonne maman, le Roy Dauid remercioit Dieu,
dequoy il assuiettissoit son peuple sous luy, que diray ie moy
puisque vous faites mourir le mien.

La R. Mon fils, c’est dequoy ie ne me soucie pas, puis qu’il
ne veut pas obeir à M. le C. Mazarin, qui en viendra pourtant
bien à bout.

Le R. Ma bonne maman, vous ne me parlez point de M.
d’Orleans mon Oncle.

La R. Mon fils, M. d’Orleans est à nous pour de l’argent,<lb/> l’Abbé de la Riuiere luy fait faire tout ce qu’il plaist à M.
le C. mazarin.

Le R. Ma bonne maman, dites moy pourquoy M. le Prince
de Conty, & M. le Duc de Longueuille, & autres grands



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