Anonyme [1652], L’ASNE ROVGE, DÉPEINT AVEC TOVS ses deffauts, en la personne du Cardinal Mazarin. I. Sur son incapacité & maniement des affaires. II. Sur son ignorance & ambition démesurée. III. Sur ses actions & entreprises, qui font cognoistre ses trahisons & perfidies, contre l’Estat. , françaisRéférence RIM : M0_85. Cote locale : B_12_56.
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sciences diuines & politiques.

 

L’ignorance des affaires domestiques & estrangeres,
n’est pas moins honteuse à l’homme d’Estat,
que celle du Medecin, qui ne cognoist le
temperament du corps humain, ignorance qui
porte les Princes à de ruineux desseins auec tel
aueuglement, qu’ils font souuent la guerre à
ceux ausquels ils doiuent demander la paix, Maz.
ne sçait que donner des conseils extrémes & violens,
sans considerer que le Prince qui a plus de
soin de se faire craindre qu’aimer, est asseuré d’estre
à la fin plus haï que craint. La crainte est vne
mauuaise Escole du deuoir, cette parole cruelle &
abominable, qu’ils hayssent pourueu qu’ils craignent,
n’est pas Chrestienne : Les Romains mesmes ne
l’ont cognuë que du temps de Scylla. C’est la maxime
que tient nostre Asne Rouge, & qu’il a si
fortement imprimée en l’esprit de la reine, que
de faire craindre, sans autre consideration, & à se
vanger des bruits qui couroient au fait du Gouuernement,
des iustes & sinceres resolutions des
Parlements de France, representées par escrit &
de viue voix contre la mauuaise conduite de l’Estat,
& la débordée insolence & violence de Mazarin.

Ce n’est pas le deuoir d’vn homme d’Estat de
blesser l’esprit de son Prince de toutes sortes de
bruits, ny enflâmer son courroux contre ceux
qui les inuentent ou les troublent au preiudice de



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