Anonyme [1649], L’APPARITION MERVEILLEVSE DE L’ANGE GARDIEN A LA REYNE REGENTE. , françaisRéférence RIM : M0_142. Cote locale : A_3_2.
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auoir reprimé les ambitieux, & les perturbateurs du repos public,
establit vne si ferme paix dans son Royaume, qu’elle seule le gouuerna
pendant sa vie ; & donna le moyen au Roy d’aller faire la guerre
aux Infideles. Faites-en de mesme, grande Princesse, faites que la
posterité puisse dire qu’vne Anne d’Austriche ne fut pas moins vtile
à la France, qu’vne Blanche de Castille, Faites cette paix qui est depuis
si long-temps desirée : Faites-la, puis que c’est vous seule qui la
pouuez faire ; tant d’affligez vous la demandent par leurs sanglots,
toute la France par ses larmes, l’Espagne par ses soûpirs, le Païs-bas
par ses miseres, l’Allemagne par ses souffrances, toute l’Europe par
ses prieres, toute la Terte par ses vœux, & le Ciel mesme vous la demande
par ma bouche. Acquerez cette gloire d’auoir calmé tant d’orages
que la guerre apporte, d’auoir épargné tant de sang qu’elle
fait répandre, & d’auoir empesché tant de meurtres, & tant d’autres
crimes qui s’y commettent : Ayez la gloire d’auoir rendu la tranquillité
à tant de Villes, l’abondance à tant de Prouinces, & vn
bonheur general à tant de Peuples : Ayez la gloire d’auoir fait ce
qu’aucun autre Prince ne pouuoit faire en ce monde, & ce sera pour
en auoir en l’autre vne plus grande, où nous viurons tous deux eternellement
auec celuy qui m’a creé Ange, & qui vous a faite Reyne.

 

 


Apres que cét Ange visible
Eut ce grand discours acheué,
Anne deuint presque insensible,
Et tomba dessus le pavé.

 

 


Puis du fonds d’vne ame dolente,
Arrachant vne voix tremblante,
Elle en forma ces mots, apres de grands efforts ;
Ie feray ce que Dieu desire.
Ce fut tout ce qu’elle peût dire,
Et l’Esprit disparut en défaisant son corps.

A PARIS, Par ROBERT SARA, ruë de la Harpe,
au Bras d'Hercule. 1649. Auec Permission.



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