Anonyme [1649], L’APPARITION D’VN PHANTOSME A SAINCT GERMAIN EN LAYE, ET LES DISCOVRS QV’IL TINT. , français, latinRéférence RIM : M0_138. Cote locale : A_3_5.
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plus resolus & les courages les plus inébranlables, que
Pluton croyant que ce fut l’arriuée d’vn second Hercule
où d’vn semblable seditieux, se trouua denué de
tout secours pour deffendre son Royaume, qu’il
voyoit proche de sa ruïne, & comme par menaces &
par promesses il trauailloit en vain sa gorge enroüée,
il s’aduisa d’essayer si par honte il pourroit nous encourager
à reprendre cœur : Quoy donc, dil-il, trouppe
poltronne & pagnotte (addressant sa voix, principalement
à ceux de nostre quartier arriué en ce païs
en grand nombre depuis l’enleuement du Roy) esprits
coyons, ames casanieres, souffrirez-vous que
ces lieux que vous auez acquis par tant de crimes &
de trauail, vous soient ostez ? vous qui auez tué tant
de monde, vous laisserez-vous battre en ce iour ? vous
qui faisiez les braues contre le Bourgeois de Paris, qui
ne vouliez pas moins que prendre cette superbe ville,
vous dis je qui auez bruslé, vollé, violé, & profané
tout ce qui estoit de plus sainct, de plus beau & de
plus riche aux enuirons, qui auez tant respandu de
fang innocent, ruïné tant de familles, fait tant de
veuues & d’orphelins : quoy vous ne me respondez
rien, vous estes plus penaux que des fondeurs de cloches
(aussi en auez-vous fondu quantité pour faire
des canons) mais au moins si vous vous estimez trop
foibles pour resister, comme ayant esté si bien estrillez
depuis peu par les vrais & fidels François, faites
mine des rodomontades que voue faisiez contre eux,
il n’y a gueres ; ie vous donne parole que ce n’est point
à ces bons François que vous auez affaire auiourd’huy ;


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