Anonyme [1652], L’ANTIDOTE AV VENIN DES LIBELLES DV ROYALISTE, A AGATHON, ET DE LA VERITÉ NVE. , français, latinRéférence RIM : M0_88. Cote locale : B_17_23.
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grande partie, & le reste peu ou point acquité ? Et-ce vne
supposition de dire qu’il a fait prendre Armantiere, Landrecies,
& autres places au son des instrumens, & durant la representation
des Comedies & des Pantalonades Italiennes,
ausquelles il a consommé plus d’vn milion de liures ? Est-ce
vne illusion de dire, qu’on à degarny Courtray de toutes ses
troupes, à la veuë de l’ennemy, sans necessité quelconque,
qui s’en est emparé deux heures apres ? Est-ce vne chimere
de dire, qu’il a trahy le Roy dans la derniere reuolte de Naples,
dont les Habitan luy tendoient les bras, & vouloient
reconnoistre leur ancien & legitime Seigneur ? Est-ce vne
inuention faite à plaisir de dire, qu’en 1647. le Card. Mazarin
a rompu & empesché la Paix faite & accordée à Munster
entre les Princes de l’Europe, au tres-grand aduantage de
cette Couronne, d’où se sont ensuiuis tant de ruines & de desolations,
tant de sacrileges & d’autres impietez énormes,
tant de barbaries, & la mort de plus de trois cens mil ames,
soit par le fer, soit par la faim, & enfin la perte generale de
toutes nos conquestes, & peut-estre la catastrophe de cet
Estat ? Ie ne mettray point en auant la vente de Grauelines,
de laquelle on sçait que le Cardinal a fait tirer toute la Garnison,
& vendre toutes les munitions de guerre & de bouche,
quinze iours auparauant le siege d’icelle, dont le prix a esté
partagé entre luy & le Comte de Grancey, qui en auoit retiré
quelque temps auparauant tous ces meubles, or & argent,
pource que vous diriez, Mr le Royaliste que cela est
posterieur aux Declarations & Arrests interuenus à l’encontre
de luy ? Ie ne parlera y pas non plus des horribles propositions
qu’il a fait faire à l’Archiduc & au Duc de Lorraine, de
leur abandonner tout ce que nous auons prins sur eux par la
force & la iustice de nos armes, à la charge de luy donner
toutes leurs troupes pour se maintenir, & se gorger de nostre
sang, dont il a vne soif, qui ne se peut iamais estancher : car
tu es gagé pour produire le mensonge, & le couurir des soupplesses
de ta plume venale, & ne laisseras pas de dire dans
l’endurcissemẽt de ta malice, & la crainte de perdre tes pensions,
qu’il est innocent au milieu de ces crimes atroces & innombrables :


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