Anonyme [1652], L’ANTIDOTE AV VENIN DES LIBELLES DV ROYALISTE, A AGATHON, ET DE LA VERITÉ NVE. , français, latinRéférence RIM : M0_88. Cote locale : B_17_23.
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gens cette Compagnie est remplie, degenerant si fort de la
gloire de ses predecesseurs, plus propres au Bal & à la Comedie
qu’à leur profession, violans les loix qu’ils sont obligez de
maintenir.

 

Le Parlement a verifié la Declaration contre Mr le Prince,
cela est veritable : Donc c’est vne entreprise sur l’authorité du
Roy d’en auoir surcis l’execution. Cela est faux, & voicy la
raison qui fait qu’on ne luy a pû denier sa place sur les Fleurs
de Lys. La Declaration ne le fait criminel qu’a cause qu’il a les
armes à la main sur vn faux pretexte du Mazarin. Or est il que
dés lors & auparauant, son retour estoit preparé, le Premier
President de Ponthoise & Garde des Seaux luy ayant se este
vne commission dés le mois de Nouembre : Et par consequent
ce n’estoit point vn pretexte, mais vne verité que le temps a découuert
malgré toute la finesse de ce funeste Conseil, qui a exigé
cette sur seance de leur Iustice, que les seuls pensionnaires du
Mazarin ont empesché tant qu’ils ont pû, leur honneur & leur
conscience estant attachée à cette corruption, bien plus blasmable
que le luxe des habits dequoy vous faites vne rigoureuse
censure & description, ne trouuant pas de moyen de là faire
contre leurs mœurs & leur integrité, qui n’a point fléchi sous
les menaces & les tyrannies, les graces & les faueurs du Cardinal
Mazarin, comme ces infames du Parlement de Ponthoise,
qui sont allez porter leurs sacrifices à cette Idole.

Si d’ailleurs le Parlement par des scripules & des lenteurs
ennuieuses a causé de grandes defaillances au Public & à l’Estat,
ie ne les accuse pas : Si Mr le Cardinal de Rets a trauersé son
repos & son vtilité par des intrigues malheureuses, & peruerty
les bonnes intentions de Mr le Duc d’Orleans, dont ie ne vois ny
preuue, ny apparence, il tombera le premier dans le piege qu’il
aura voulu dresser aux autres. Si Mr le Prince veut conseruer le
Mazarin & toute sa sequele pour ses interests particuliers, &
qu’il entretienne des negociations pour ce sujet, qui ne peuuent
tomber dans mon esprit, ayant couru des dangers si grands & si
apparens, & n’ayant point de guarentie suffisante pour le mettre
à couuert, il en encourera sans doute les inconueniens, & payera
bien-tost les peines des desordres que cette perfidie a causé &
cause tous les iours, de laquelle Dieu nous vengera, Mais il ne



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