Anonyme [1652], L’ANTIDOTE AV VENIN DES LIBELLES DV ROYALISTE, A AGATHON, ET DE LA VERITÉ NVE. , français, latinRéférence RIM : M0_88. Cote locale : B_17_23.
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empescher par negociations & remonstrances, plustost que d’allumer
la guerre.

 

Y eust il iamais vne imbecillité semblable à la vostre, & ne
croyez vous pas prendre les hommes à la pipée, quand vous dites ;
Que pour empescher le retour du Cardinal, ou conclure sa
sortie, il falloit s’abandonner aux remonstrances & negociatiõs,
& sa personne à la misericorde de ses ennemis ; Y a-il quelque
ombre de iustice dans le Conseil du Roy depuis plusieurs années ?
y a-il quelque ombre de foy, ny de pieté ? l’injustice & la
cruauté, la fourbe & le parjure y regnent absolument : Mr le
Prince en a fait, au milieu de ses trophées, de ses seruices & de
ses conquestes, qui contrarient bien vostre imposture touchant
ses entreprises sur l’Estat, vne tres-rude experience, il en est sçauant
par ses propres maux, & ceux de toute la France. Et cependant
vous voulez qu’il ayt recours, & qu’il se fie aux negociations,
qu’il attende le succés des remonstrances, comme si ce
n’estoit pas frapper l’air, & les oreilles des sourds. Il a esté traité
en grand criminel au mesme temps qu’il mettoit la Reyne & son
Ministre sous ses lauriers à l’abry de l’orage qui grondoit iustement
sur leurs testes de tous costez, & vous voulez quand il se
declare contre l’ennemy commun, qu’il cede à la confiance, Si
in viridi hæc fiunt, in arido quot fiet ? C’est, croyez moy, vne proposition
si fade & si absurde, qu’elle choque toutes les regles de
la Prudence & de la Politique, & ne peut persuader que les innocens
ou les interessez.

Le Roy par vn tres-sage Conseil, dites vous, voyant la retraite
de Mr le Prince de sa Cour, va en Berry, s’asseure de Bourges,
s’aduance, & ses approches ne furent pas capables d’arrester
son audace, mais qu’il reconnut eu peu de temps la difference
qu’il y auoit de combatre pour le seruice du Roy sans rien craindre,
ou de sentir sa conscience bourelée, & d’auoir continuellement
deuant les yeux l’image d’vne prison si le sort des armes
luy estoit contraire.

Prenez garde que vous venez de dire deux lignes auparauant
que Mr le Prince deuoit se contenter de se retirer dans son Gouuernement,
ou l’vne de ses places, pour faire entendre au Roy ce
qu’il desire, & en mesme temps qu’il ne se deuoir pas esloigner,
& que le Roy par vn tres-sage Conseil resout le voyage de Berry.



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