Anonyme [1652], L’ANTIDOTE AV VENIN DES LIBELLES DV ROYALISTE, A AGATHON, ET DE LA VERITÉ NVE. , français, latinRéférence RIM : M0_88. Cote locale : B_17_23.
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l’aye pû destourner du dessein qu’il auoit formé de se rendre
Maistre d’vne partie du Royaume, prenant pour pretexte le
retour du Cardinal, comme s’il ne se deuoit pas contenter de
se retirer en son Gouuernement ou dans l’vne de ses places, pour
de la representer au Roy le tort qu’il se faisoit en rappellant le
Mazarin, plustost que de mettre le feu dans le Royaume, & appeller
les Estangers à sa ruine.

 

Comme il est impossible de parler des actions de Mr le Prince
sans vne estime singuliere iusques au iour de sa prison, a la reserue
du siege de paris, & de la protection qu’il a départie au plus
ingrat & plus indigne de tous les hommes, & que vous ne pouuez
les passer sous le silence sans faire connoistre de la passion,
vous les auez infiniment eleuées, mais ce n’a esté que pour rendre
les autres qui ne vous plaisoient pas, plus difformes, & plus
odieuses par vne exaggeration aussi peu veritable que passionnée,
imitant son cher Royaliste, qui a deuancé toutes ses pensées,
& ont deub partant estre refutées par vne seule piece, de
crainte d’vne repetition ennuyeuse. Il n’y a icy que deux circonstancees
de plus, dont l’vne est fausse & l’autre ridicule.

La premiere est, que le Gouuernement de Bordeaux vaut
trois fois celuy de Bourgogne, lequel au lieu d’attirer la reconnoissance
de Mr le Prince auoit seruy de siege & de preparatifs
à sa rebellion. En quoy, Mr le Gymnosophiste, vous vous estes
fort méconté, parce qu’au contraire celuy de Bourgogne vaut
trois fois en reuenu celuy de Bordeaux. Et ainsi c’est vn simple
échange plus preiudiciable qu’aduantageux, qu’il n’a accepté
que pour faire cesser les mauuaises intelligences d’vn Gouuerneur
ambitieux & petulant auec les habitans de la Prouince,
lassez de ses debordemens publics & de ses violences, y remettre
le calme, & rendre ce seruice à l’Estat, qui n’est pas des
moins considerables, dans le danger qu’il y auoit de sa perte
euidente parmy l’iniustice & son desespoir.

La seconde est d’auoir cherché le secours de Cromvel, qui est
faux, & n’est pas blasmable quand il seroit vray, non plus que
celuy des Turcs ou d’autres barbares, par les raisons qui en ont
esté déduites, & d’auoir armé & formé le dessein de se rendre
maistre d’vne partie de l’Estat, sous pretexte du retour du Cardinal,
qu’à l’exemple de l’Esprit de Paix, vous dites qu’il falloit



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