Anonyme [1652], L’ANTIDOTE AV VENIN DES LIBELLES DV ROYALISTE, A AGATHON, ET DE LA VERITÉ NVE. , français, latinRéférence RIM : M0_88. Cote locale : B_17_23.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 24 --

missions accustumées, les Princes dans le Conseil releueront
l’authorité Royale, & la France reünie de ses diuisions, & repurgée
de cette malheureuse & fatale secte des Mazarins, ioüira
de la bonace, & n’aura plus rien à craindre au dedans ny au
dehors : elle n’entendra plus ces inuectiues & declamations
detestables contre ses principaux Magistrats, qui seruent plutost
à signaler vostre passion que vostre suffisance.

 

L’Autheur de la Verité toute Nuë, partial comme vous du
Mazarin, a bien moins de chaleur, & beaucoup plus d’adresse à
frapper ses coups ; il s’insinuë auec tant de soupplesse, & cache
d’abord si bien les replis de son ame, qu’il semble auoir les intentions
droites, & de ne trauailler que pour l’vtilité de sa Patrie ;
il fait montre d’vne grande sincerité, & grande indifference,
pour preuue de laquelle il attaque les vices & les defauts
generalement d’vn chacun, afin de leuer tous les soupçons, &
d’effacer toutes les conjectures qu’on pourroit prendre contre
luy. Il fait dériuer de nos pechez la premiere source de nos malheurs ;
il s’attache en suitte à la mauuaise administration du
Cardinal de Richelieu, par le mauuais choix des personnes qui
les ont maniées. Il passe de là au temps de la Regence, & du
gouuernement du Card. Mazarin, qu’il ne fait qu’effleurer, &
ne touche que du bout du doigt, tant il a peur de luy faire la
moindre égratignure, & s’imagine mesme de iustifier la Reyne,
quand il dit, Qu’on ne la peut accuser sans injustice d’auoir eu
dessein d’amasser des tresors, puis que chacun sçait qu’elle doit
beaucoup, & n’a pû seulement acheuer le bastiment du Val de
Grace qu’elle auoit entrepris. Comme si la profusion incroyable
qu’elle en a fait iusques à soixante milions par chacun an,
sous le titre de cõptans, tirez de la sueur & du sang des pauures,
au profit de cét execrable Fauory, qui les a transportez hors du
Royaume, n’estoit pas mil fois plus criminelle que l’amas qu’elle
en auroit pû faire, que nous pourions esperer vn iour de voir
respandre dans les mesmes mains d’où il estoit sorty. Il rejette
de mesme toutes les exactions & les violences de ce Ministre insolent
sur la personne de Particelle, afin que proposant vn meschant
homme, il fasse tomber toute la haine & toute l’enuie sur
luy, comme si ses successeurs auoient esté plus gens de bien, &
que l’on n’eust point de connoissance de leurs maluersations effroyables,



page précédent(e)

page suivant(e)