Anonyme [1652], L’ANTIDOTE AV VENIN DES LIBELLES DV ROYALISTE, A AGATHON, ET DE LA VERITÉ NVE. , français, latinRéférence RIM : M0_88. Cote locale : B_17_23.
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L’ANTIDOTE AV VENIN
des Libelles du Royaliste à Agathon,
& de la Verité Nuë.

SI c’est estre seruiteur de Dieu, que de sacrifier aux Idoles,
& qu’ils soient des Diuinitez legitimes, il faut confesser
que l’escrit du Royaliste à Agathon nous doit
estre bien precieux, y trouuans des enseignemens capables
de nous retirer de l’erreur auquel nous sommes plongez,
& auons vescu depuis quelques années ; Et si au contraire
ces Deïtez sont fausses, & le culte different qui se doit
rendre au Createur & à la creature, ne doit-on pas aduoüer
qu’il est pernicieux & digne du feu, faisant vne confusion du
Createur & de la creature, du Roy & du Mazarin, & voulant
nous persuader que nous sommes tenus des mesmes respects
enuers cet infame Sicilien, qu’enuers nostre Souuerain, parce
qu’il en vsurpe l’authorité, & qu’il luy est loisible d’en
abuser dans toutes les rencontres qu’il pense vtiles & necessaires
à l’establissement de sa fortune, & de sa grandeur. Auec
cette distinction veritable & sans contredit, tous les argumens
& sophistique ries de ce malheureux Libelle se refuteront
auec plus de facilité qu’elles n’ont esté aduancées.

Il est sans doute que dans toutes les republiques bien policées,
lors qu’il y a deux Partis qui en deschirent la structure
& l’économie, qui les faisoit auparauant subsister dans le
repos & dans la trãquillité, que chaque Citoyen y doit considerer
sa fortune, & suiure l’vn ou l’autre, selon les mouuemens
de sa raison & de sa conscience, autrement ce seroit
estre inutile à sa Patrie, & en voir l’embrasement sans y vouloir
apporter vne goutte d’eau pour l’esteindre. C’est le crime
de Paris, & de la plus grande part des Villes du Royaume,
qui ont hesité iusques icy de se declarer, & causé par ce



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