Anonyme [1649], L’AMBASSADEVR DE SAVOYE, ENVOYÉ DV MANDEMENT DE SON ALTESSE. PAR LE SENAT DE CHAMBERRY. A la Reine Regente Mere du Roy. , françaisRéférence RIM : M0_70. Cote locale : A_3_21.
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les faire condescendre à des conditions indignes
de son courage, de sa fidelité & de son merite :
Comment se pourroit-il faire que vostre Bourgeoisie
de Paris, qui est composée de plus de cinq
cens mille soldats se voulut laisser desarmer, pour
la crainte, & la terreur qu’ils donnent à vostre Ministre,
si les Parisiens auoient manqué iusques à ce
poinct là, ils monstreroient auoir le cœur aussi lasche
qu’on les estime genereux.

 

Comment se pourroit-il faire que cette grande
Ville qui est vne des plus grandes merueilles du
monde & l’abbregé de l’Vniuers, voulut abandonner
ses plus grandes forteresses, & les laisser
rendre soubs le pouuoir d’vn homme incogneu, &
qui ne possede rien dans ce monde que les biens
que la fortune aueugle luy a donné prodigalemẽt,
n’a t’il pas tesmoigné auoir assez de malice pour se
meffier de luy, & pourquoy Paris est plus obligé
d’auoir en luy confiance, que luy d’en auoir en la
France, s’il n’auoit pas de la meffiance pour les
François, il ne feroit pas transporter en Italie les
tresors qu’il ramasse en France, au contraire il y
feroit construire les Palais qu’il faict edifier à Rome,
& s’il estoit aussi fidelle que vos Bourgeois de
Paris il ne les apprehenderoit point, qui certes
montreroient en ce point auoir manqué de fidelité



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