Anonyme [[s. d.]], DISCOVRS CHRESTIEN ET POLITIQVE, DE LA PVISSANCE des Roys. , français, latinRéférence RIM : M0_1103. Cote locale : A_2_48.
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c’est elle qui meut & qui viuifie ; Et comme ce
n’est pas assez que la teste soit placée sur le reste
du corps, si elle n’influë le mouuement & le sentiment
aux membres pour le commun salut de
tous : aussi n’est ce pas assez d’auoir la premiere
place dans l’Estat si celuy qui la tient n’a la sagesse
pour sçauoir, & l’authorité pour pouuoir
regir les peuples, au bien & à l’aduantage du
Royaume. Et certes puis que Dieu à qui toutes
choses appartiennent, parce qu’elles ne possedent
rien qu’elles n’ayent receu de luy, les gouuerne
pourtant pour leur propre vtilité & non
pour la sienne ; Seroit-ce pas vne espece de prodige,
que ceux qui n’ont point d’autre droict
pour estre obeys, que d’estre les viuantes images
de ce Roy des Roys, se voulussent persuader,
que tout doit estre fait pour eux ; qu’ils se
peuuent ioüer impunément de la vie & du sang
des Nations ; & que toute ame est tributaire à
leurs passions déreglées. Veu principalement,
> que tout Empire ayant originairement commencé
par élection (ainsi qu’il est aisé de voir
par l’Histoire ancienne & la nostre mesme,) ce
ne sont pas les Roys qui ont fait les Peuples ; au
contraire, ce sont les Peuples qui ont fait les
Roys.

 

L’Escriture Saincte dont l’authorité est au
dessus de toutes les autres, le fait voir assez clairement.



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