Anonyme [1652], L’A SÇAVOIR SI NOVS AVRONS LA PAIX, ET SI NOSTRE GVERRE CIVILE s’acheuera bien-tost. , françaisRéférence RIM : M0_9. Cote locale : B_14_20.
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paroisse tranquile au dehors, il n’y peut iamais
auoir de calme qui soit digne du nom de Paix,
puis que cette tranquillité n’est veritablement
comparable qu’à ce silence contraint que des Maistres
rigoureux obtiennent à force de coups sur des
Esclaues outragez qui l’vlcere dans le cœur, sentent
d’autant plus de trouble dans l’ame que leurs
ressentiments captiuez y renferment toute leur
violence qui se change enfin en rage & fureur.

 

Ie ne doute point, cher Amy, que vous ne
sçachiez parfaitement qu’vne paix de cette nature
a plus de rigueur, qu’vne Guerre quelle qu’elle
soit, & que Tacite mesme est d’aduis, que
l’échange mesme en est avantageux, pour vn
peuple qui n’est pas tout à fait dépourueu de generosité,
puisque c’est de luy que nous tenons ce
beau sentiment, malam pacem vel bello bene mutari.
Vous ne doutez pas aussi que nous n’ayons depuis
peu fait l’épreuue de l’vn & de l’autre. Le
feu Cardinal, d’heureuse memoire par sa conduite
tant loüée depuis, & qu’il regla sur celle de
Tybere, & de quelques autres Tyrans, fist durer
cette affreuse Paix, dont son successeur l’eminentissime
Iule Mazarin nous fist vne guerre ouuerte,
quand il trouua bon d’enleuer de nuict nostre
ieune Monarque de sa bonne Ville de Paris.
Le Parlement aussi feignant de leuer les armes
pour reduire la tyrannie, & dans les termes d’vne



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