Anonyme [1652], L’A SÇAVOIR SI NOVS AVRONS LA PAIX, ET SI NOSTRE GVERRE CIVILE s’acheuera bien-tost. , françaisRéférence RIM : M0_9. Cote locale : B_14_20.
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en pressent. Les Nochers en effet, qui aprés de perilleuses
nauigations, se trouuent encore battus de
l’orage à la veuë du port, n’ont point tant de suiet
de le desirer, que dans le trouble où nous sommes,
nous en auons de soûpiter aprés ce calme, afin qu’il
nous ayde à reparer vn peu les ruines & les naufrages
que nous auons faits durant cette saison, de seditions,
de carnage, & de pilleries sans exemple.
Il est vray qu’on ne se peut figurer de regne plus
cruel, plus sanglant, & plus inhumain, que celuy
que nous auons veu depuis quelques années : Mais
si ce regne a des horreurs incomparables ; & si la
posterité doit rougir pour nous, de l’indignité de
nos dernieres souffrances ; Ce que nous auons
souffert auparauant, lors que la guerre ne déchiroit
pas encor, pour ainsi dire, les entrailles du
Royaume, & que nous l’entretenions seulement
au dehors, estants obligez de contenter l’auarice
& l’ambition de ceux qui la souldoient, n’a pas
eu moins de rigueur & de cruauté. C’est pour cela
que n’ayants veu dans nos iours que des miseres &
des actes de Tyrannie intolerable : mais d’vne Tyrannie
qui se déchire & se détruit enfin elle-même
comme les Soldats de Cadmus : Et qu’ayant
sçeu de nos peres qu’ils ont coulé dans vn autre
siecle quelques années parmy les delices & l’abondance,
& qu’vn temps si fauorable portoit le doux


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