Anonyme [1652], LETTRE RENDVË AV ROY EN PARTICVLIER, Pour luy representer les dangers ausquels les Princes exposent leurs Estats en poussant à bout la patience de leurs Peuples. Prouué par les Exemples tirez des Histoires Anciennes & Modernes, Estrangeres & Domestiques. , français, latinRéférence RIM : M0_2254. Cote locale : B_2_34.
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la pluspart de la Picardie, & marcherent iusques à Orleans,
qu’ils assiegerent. La dessus le Roy Charles VI. mourut ; si
bien que Monsieur le Dauphin son fils, qui fut nommé
Charles VII. venant à la Couronne, se trouua dépoüillé
de la meilleure partie de son Royaume ; Tellement qu’on
l’appelloit le Roy de Bourges, par raillerie. Ce sage Roy
considera bien que si les guerres ciuiles duroient, il estoit en
estat de tout perdre, vne piece apres l’autre ; c’est pourquoy
il mit tout son soin, pouuoir & diligence à faire paix & accord
auec le Duc de Bourgogne. Si bien qu’il enuoya vers
luy son Connestable, son Chancelier, & autres des principaux
de son Conseil pour luy dire qu’il desiroit d’auoir paix
auec luy, & qu’il reconnoissoit bien que par mauuais conseil
il auoit fait tuer son pere à Montereau, & que s’il eust esté
lors aussi aduisé qu’il estoit à present, qu’il n’eust iamais fait
faire vne telle action, ny permis de la faire ; mais qu’il estoit
ieune & mal conseillé. Que pour ce sujet il luy offroit d’en
faire telle amende & reparation qu’il s’en contenteroit, &
qu’il luy offroit de luy en demander pardon, non en personne,
mais par Ambassadeurs qui en auroient charge expresse,
& le prier qui luy pardonna cette faute au nom de nostre
Seigneur Iesus-Christ, & qu’entr’eux deux il y eut bonne
pais & amour, & qu’il confesseroit auoir mal fait, & d’auoir
vsé de mauuais conseil faisant tuer son pere. Et en outre luy
fit offre de plusieurs. Terres & Seigneuries qu’il luy donneroit,
comme de la Comté de Maconnois, Sainct Iangon,
la Comté d’Auxerre, Bar-sur-Seine, la Comté de Bologne
sur Mer, & autres Terres, & qu’il le quitteroit sa vie durant,
luy & ses sujets, du seruice personnel qu’il luy deuoit comme
vassal de France, & luy fit faire encor plusieurs autres
belles offres. Ce Duc Philippes voyant son Prince souuerain
s’humilier tant, fléchit enfin son courage, & entendit
à la paix, qui fut faite à Arras, là où se trouua vne assemblée
d’Ambassadeurs de tous les Princes Chrestiens, du Concile
de Basse & du Pape : Si bien qu’il y auoit plus de quarre


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