Anonyme [1652 [?]], LETTRE DV BOVRGEOIS DES-INTERESSE. , françaisRéférence RIM : M0_2082. Cote locale : D_1_63.
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sa pureté d’vne si salle alliance ; ce n’est pas son
vaisseau qui nous a porté ces restes de Mores & de
Sarrazins, elle nous deuroit seulement le passage
de ses troupes, si en cela nous luy auions rendu
vn seruice volontaire : Et puis, que ceux qui ont
commẽcé la guerre l’entretiennent, le Prince de
Condé ne nous a interessé dans sa querelle que
dans sa derniere necessité, il ne songeoit à Paris
que comme en vne ville qui s’estoit réjoüye de sa
prison, quand Bordeaux suffisoit à sa defense, nous
ne luy auons point d’obligation, l’azile ne doit
rien à celuy qui s’y refugie ; par bien seance nous
luy dirons, faites vostre paix ; par deuoir & par iuterest
nous l’abandonnerons : outre que ie ne vois
pas vn succés certain, si nous nous declarons pour
luy.

 

Premierement, il faudra l’aider d’hommes &
d’argent : quel aduantage esperons nous de l’vn &
l’autre ? les loyers & les rentes ne sont point payées,
le commerce est interrompu, le reuenu de la campagne
est ou en debtes de Fermier, ou entre les
mains du soldat : chaque iour nostre affliction renouuellera
sur le lict ou sur le tombeau de nos parens,
de nos voisins & de nos amis.

Secondement, les esprits sont fort diuisez, la
reünion ne s’en peut faire qu’auec vn desordre
espouuantable & quel regret de voir poursuiure
auec toute sorte de violence, tel qui ne sera pas



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