Anonyme [1652], LES VERITABLES MAXIMES DV GOVVERNEMENT DE LA FRANCE, IVSTIFIÉES PAR L’ORDRE des temps, depuis l’establissement de la Monarchie iusques à present : Seruant de Response au pretendu Arrest de cassation du Conseil du 18. Ianvier 1652. DEDIĖ A SON ALTESSE ROYALE , français, latinRéférence RIM : M0_3969. Cote locale : B_5_23.
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contraire, laquelle fut verifiée auec liberté de suffrages. C’est à dire
que le Roy fist voir à son Parlement, & à toute la France, que la Loy
qui deffend aux Estrangers l’entrée dans le Ministere & dans les Charges
publiques, est vne Loy iniuste, qu’vn Estranger, & bien souuent vn
Ennemy de l’Estat est preferable à vn Regnicole, à vn naturel Frãçois,
aux Princes de son Sang, à tous ses Parlemens, à tous ses Officiers, à
tous les Ordres du Royaume, & à tous les peuples qui s’en plaignent,
& qui luy ont tant de fois demandé iustice contre luy.

 

Il falloit que le Roy eust fait voir dans son Parlement, que le Cardinal
Mazarin n’a point rompu la paix generale, que ce n’est point luy
qui a exercé la piraterie sur la Mer, qu’il n’a point esté d’intelligence
auec les ennemis pour laisser perdre Courtray, & le Royaume de Naples
qui nous tendoit les bras. Qu’il n’est pas vray aussi qu’il ait traitté
la pluspart des grands du Royaume de Cromuels & de Fairfax. Qu’il
ait voulu faire passer dans son esprit le Parlement de Paris, pour le Parlement
d’Angleterre. Que c’est auec raison qu’il fit emprisonner Mr le
Duc de Beaufort dés le cõmencement de son Ministere. Qu’il n’a point
fait aussi empoisonner Mr le President Barillon, qu’il a peu retenir le Mareschal
de la Mothe trois ans entiers en prison & luy faire faire son procez
par des Commissaires tirés mesme d’vn Parlement, dont il n’estoit
point iusticiable, faire aussi arrester Monsieur de Broussel & Monsieur
le President de Blanc Mesnil au milieu des prieres publiques, enuoyer
chez plusieurs autres Officiers du Parlement pour les faire enleuer
auec la mesme violence, à cause qu’ils auoient deffendu la cause du
peuple : qu’il auoit aussi bien fait de faire emprisonner le Mareschal de
Rantzau pour le dépoüiller de son gouuernement, & le donner à vne
de ses creatures : que sans Declaration verifiée & en vertu de simples
Arrests du Conseil, & contre toutes les formes du Royaume, il auoit
peu faire des taxes sur des particuliers, retrancher les gages, les rentes
& faire toutes sortes de leuées sur les Marchandises, & que trois
cens millions de liures imposées en deux années de Regence, dans
lesquelles on n’auoit presque payé personne, auoient neantmoins esté
vtilement employés. C’estoit donc par cette iustification que le Cardinal
deuoit preparer son entrée, c’estoit au Parlement qu’il deuoit
s’addresser, c’est le lict de Iustice du Roy, Iudicium Francorum,il n’a point
d’autre Tribunal. C’est dans ce lieu mesme ou le Roy l’a condamné
par vne Declaration solemnelle Le Conseil ne pouuoit rien faire pour
luy, tout le monde demeure d’accord qu’il n’a point de iurisdiction
consentieuse, l’ordonnance de Blois article 81. y est formelle, le Conseil
n’a droit de condamner n’y d’absoudre.



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